JULES BARBIER & MICHEL CARRÉ

LES CONTES D'HOFFMANN

ACTE PREMIER

PROLOGUE

Hoffmann



Le théâtre représente l'intérieur d'une taverne allemande; portes au fond; portes latérales. -- A droite, un grand poële, ça et là des tables es des bancs, une horloge. -- Au fond, un enfoncement dans lequel se trouve un tonneau colossal, surmonté d'une banderolle qui porte cet exergue: Au tonneau de Nuremberg. -- La salle est éclairée par des quinquets accrochés au mur.

SCENE PREMIERE

LA MUSE, puis LUTHER, GARÇONS DE TAVERNE.

(Au lever de la toile, on entend dans la coulisse la musique de Don Juan; le tonneau s'entr'ouvre et donne passage à la Muse.)

LA MUSE.
La verité, dit-on, sortait d'un puits; -- la Muse,
Si vous le permettez, sortira d'un tonneau,
S'en remettant du soin de trouver son excuse,
A tous les gens de bien qui ne boivent pas d'eau:

Mais non pas la Muse sévère,
La Muse aux préjugés étroits,
Qui craint de sa mouiller les doigts
Dans le cristal doré d'un verre;

Non! -- mon seul maître est mon désir;
La fantaisie est ma nourrice,
Je n'ai de loi que mon caprice,
Je n'ai de frein que mon plaisir.

D'une voix légère et hardie,
Auc refrains des jeunes garçons
Je mèle parfois mes chansons,
Et ne fais point de tragédie.

Dussé-je effrayer vos esprits,
Suivants le souffle qui m'inspire,
Je vais de la prose à la lyre,
Je pleure, je chante et je ris.

Au coeur serré de la vieillesse,
C'est moi qui rends le souvenir;
Moi qui découvre l'avenir
Aux yeux ardents de la jeunesse!

Moi qui, dans l'ombre des forêts,
Promène mon humeur distraite,
Ou dont le pas errant s'arrête
Au seuil joyeux des cabarets.

C'est là que, parmi la fumée
Et le vieux vin des noirs celliers,
Naissent les rèves par milliers;
Là que d'Hoffmann je fut aimée!

Il me voyait sur le flot clair,
Pencher en riant mon visage,
Ou m'envoler sur le nuage
Que sa pipe jetait dans l'air!

De là l'étrange poésie
Qui semble égarer son cerveau;
De là ce mélange nouveau
De bons sens et de fantaisie;

De là ces contes insensés
Qui parfois font rêver les sages!...
Pour vous j'en déchire trois pages:
Fais-je bien ou mal?... -- je ne sais.

Aux caprices de votre Muse,
Montrez des esprits indulgents;
Applaudissez, ô jeunes gens,
Si notre fable vous amuse;

Suivez notre essor hasardeux
Vers ces mondes imaginaires,
Et dans le pays des chimères
Voyageons pour une heure ou deux!

Mais qui vient là?... Luther? -- Bien! La pièce commence.
Zeste! changeons d'habit!
(Elle se métamorphose en jeune étudiant.)
Et maintenant silence!
S'il faut vous l'avouer cependant, j'ai grand peur!
Holà, Luther!...
(Luther entre, suivi de plusieurs garçons de taverne.)

LUTHER.
Monsieur?

LA MUSE
Du vin!... et du meilleur!
(au public.)
Les auteurs sont là-bas qui prennent patience!
Je vais boire avec eux pour me donner du coeur!
(Elle sort par une des portes latérales.)

SCENE II

LUTHER, GARÇONS DE TAVERNE.

LUTHER, .
Servez Monsieur, garçon! -- Et vous autres, préparez cette salle. -- Nous allons recevoir dans un moment M. Hoffmann et ses joyeux amis.

UN GARÇON.
Dites donc, patron, m'est avis que M. Hoffmann n'est pas pour vous une vache à lait... il boit beaucoup, c'est vrai; mais plus il boit, moins il paie.

LUTHER.
Vous êtes un sot! M. Hoffmann paie mal, en effet, mais il fait boire les autres. Il parles, et pendant qu'il parle, on boit... c'est à ses histoires que je dois la réputation de ma taverne, et j'entends qu'il y soit toujours traité avec la plus grande distinction. -- Vous êtes un sot.

LE GARÇON.
Ça suffit!

LUTHER.
Quelle heure est-il?

LE GARÇON.
Neuf heures!

LUTHER.
Bien, -- le premier acte de Don Juan va finir et nous allons probablement avoir nombreuse compagnie... Mais qu'est-ce que cela? (On entend un bruit lointain d'applaudissements.)

LE GARÇON.
Les applaudissements!

LUTHER.
Diable! il paraît que notre nouvelle cantatrice a du succès!

LE GARÇON.
On a ravagé toutes les serres de la ville pour lui faire des couronnes.

LUTHER.
C'est bien!... les brocs! -- les pipes! -- les chopes! -- allons vite! (Les garçons sortent.)

SCENE III

LUTHER, LINDORF, ANDRÈS; ils entrent par la gauche.

LUTHER.
Oh! oh! Ne voilà-t-il pas M. le conseiller Lindorf? Sa perruque est ébouriffée commes dans toutes les grandes occasions de sa vie.

LINDORF, à Andrès.
Nous serons mieux ici pour parler.

ANDRÈS.
Oui!

LUTHER.
Salut à monsieur le conseiller Lindorf!... que faut-il servir à monsieur le conseiller?

LINDORF.
Ah! c'est vous, maître Luther! merci, mon ami! je n'ai pas soif. -- Allez, mon ami, allez!

LUTHER.
Votre serviteur, monsieur le conseiller. (Il sort.)

SCENE IV

LINDORF, ANDRÈS.

LINDORF.
Ainsi, tu appartiens à la Stella?

ANDRÈS.
Oui.

LINDORF.
C'est une belle personne?

ANDRÈS.
Oui.

LINDORF.
Ne vient-elle pas de Florence?

ANDRÈS.
Oui.

LINDORF.
Où elle a fait tourner bien des têtes, n'est-ce pas?

ANDRÈS.
Oui.

LINDORF.
Ce n'est pas étonnant.

ANDRÈS.
Non.

LINDORF.
Elle a une voix de rossignol!

ANDRÈS.
Oui.

LINDORF.
Et des yeux!

ANDRÈS.
Ah!

LINDORF.
Aussi tendres que le coeur, sans doute?

ANDRÈS.
Oui!

LINDORF, à part.
Il a une conversation agrèable, ce laquais! (Haut.) Crois-tu qu'elle aime quelqu'un?

ANDRÈS.
Hum!

LINDORF.
Quoi?

ANDRÈS.
Hum?

LINDORF.
Ah! très-bien! -- Tiens, voilà dix thalers... aime-t-elle quelqu'un?

ANDRÈS.
Oui.

LINDORF.
C'est fâcheux!

ANDRÈS.
Bah!

LINDORF.
J'en suis passionnément amoureux.

ANDRÈS.
Vous?

LINDORF.
Moi. -- Et comment se nommer cet heureux gaillard?

ANDRÈS.
Oh!

LINDORF.
Tu ne veux pas me dire son nom?

ANDRÈS.
Non.

LINDORF.
C'est lui que tu viens chercher ici?

ANDRÈS.
Hem!

LINDORF.
Tiens, voilà encore dix thalers; est-ce lui?

ANDRÈS.
Lui.

LINDORF.
Nathanael?

ANDRÈS.
Non.

LINDORF.
Hermann?

ANDRÈS.
Non.

LINDORF.
Hoffmann?

ANDRÈS.
Oui.

LINDORF.
Je m'en doutais! -- Mais, à propos, je t'ai vu cacher un papier, tout à l'heure -- C'est une lettre?

ANDRÈS.
Voire!...

LINDORF.
Donne-la moi?

ANDRÈS.
Quoi?

LINDORF.
La lettre.

ANDRÈS.
Psst!

LINDORF.
Dix thalers pour la lettre.

ANDRÈS.
Bon! (Il donne la lettre et reçoit les dix thalers.)

LINDORF.
Il me ruine, ce gaillard-là! -- Merci, va-t-en au diable!

ANDRÈS.
Oui. (Il sort par la gauche.)

SCENE V

LINDORF, puis LUTHER.

LINDORF, seul.

LUTHER, rentrant en scène.

LINDORF.

LUTHER.

LINDORF, indiquant une petite porte cachée à droite dans la boiserie.

LUTHER.

LINDORF.
(Il s'assied à droite, on lui sert à boire. -- Bruit au dehors.)

LUTHER.

SCENE VI

LINDORF, LUTHER, NATHANAEL, HERMANN, WILHELM, ÉTUDIANTS. (Ils entrent par les deux portes du fond.)

LES ÉTUDIANTS, en choeur.

LUTHER.

CHOEUR.

LUTHER.
(Les garçons ont disposé une grande table au milieu du théâtre. Les étudiants s'asseoient et fument dans tous les coins. -- Véritable aspect de taverne allemande.)

NATHANAEL.

TOUS.

LINDORF, tendrement, à part.

NATHANAEL.

LUTHER.

NATHANAEL.

LUTHER.

NATHANAEL.

HERMANNL.

UN ÉTUDIANT.

NATHANAEL.

TOUS.

LUTHER.

SCENE VII

LES MÊMES, HOFFMANN, FRIÉDRICK

TOUS.

NATHANAEL.

HOFFMANN.
()

NATHANAEL.

HOFFMANN.

NATHANAEL.

FRIÉDRICK.

HOFFMANN.

FRIÉDRICK.

NATHANAEL.

HOFFMANN.

NATHANAEL.

HOFFMANN.

NATHANAEL.

LES ÉTUDIANTS, .

HOFFMANN, .

FRIÉDRICK, .

NATHANAEL.

HOFFMANN.

NATHANAEL, .

HOFFMANN, .

TOUS.

NATHANAEL.

HOFFMANN.

LINDORF.

HOFFMANN.

NATHANAEL.

LINDORF.

HOFFMANN.

LINDORF.

HOFFMANN.

LINDORF.

HOFFMANN.

LINDORF.

HOFFMANN.

LINDORF.

HOFFMANN.

LINDORF.

NATHANAEL.

HOFFMANN.

LINDORF.

HOFFMANN.

LINDORF.

HOFFMANN.

LINDORF.

HOFFMANN.

NATHANAEL.

HOFFMANN.

NATHANAEL.

HOFFMANN.

NATHANAEL.

HOFFMANN.

HERMANN.

HOFFMANN.

WILHEM.

HOFFMANN.

NATHANAEL.

HOFFMANN.

TOUS.

HOFFMANN.

FRIÉDRICK.

HOFFMANN.

NATHANAEL.

LUTHER, .

HERMANN.

LINDORF, .

HOFFMANN.

TOUS.

HOFFMANN.

FIN DU PROLOGUE.



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Monday, 08-Dec-2003 21:49:44 PST