JULES BARBIER & MICHEL CARRÉ / JACQUES OFFENBACH

Les contes d'Hoffmann

Acte Deuxième



Cabinet de Physicien

richement meublé et donnant dans une galerie dont les portes sont closes par des tapisseries; portes latérales fermées également par des portières. Au mur pend une guitare; dessous une harpe. Le théâtre est éclairé par des bougies.

Scène I

SPALANZANI, seul

Dialogue

Spalanzani [Il tient la portière de droite soulevée]
Là! charmante!... Voilà une belle fille, et qui est bien à moi, je m'en vante!...
[il laisse retomber la portière]
Il ya a beaucoup de braves bourgeois qui ne pourraint pas en dire autant. C'est qu'elle vaut des millions, oui!... chère enfant!... Elle me fera regagner cinq cents ducats que vient de me coûter la banqueroute du juif Élias... Vieux coquin.
[se frottant les mains]
Allons! allons! tout va bien; et n'était Coppélius!... Diable de Coppélius!... Pourvu qu'il ne vienne pas réclamer se part de paternité!... Bah! Je l'ai payé en bons écus et il voyage à l'heure qu'il est loin de Munich avec ses baromètres et ses lunettes. Ne nous mettons pas martel en tête et ne songeons qu'à rendre ma fête splendide et digne de mes hôtes!

Scène II

SPALANZANI, HOFFMANN

Hoffmann [saluant]
Monsieur!...

Spalanzani
Eh! bonjour, mon cher Hoffmann!... Quelle exactitude!...
[lui serrant la main]
Enchanté de vous voir, mon ami. Vous êtes de tous mes élèves celui que j'éstime le plus!

Hoffmann
Monsieur, je...

Spalanzani
Nous avons renoncé à nos rêves de poète, n'est-ce pas? nous voulons devenir un savant? nous prenons goût à la physique!... et pourquoi cette métamorphose?...

Hoffmann
Je...

Spalanzani
Ne me répondez pas! je lis dans les coeurs!...
[se frottant les mains]
Eh! eh!... c'est aujourd'hui que ma fille fait son entrée dans le monde. Cette chère Olympia! je crois qu'elle aura un joli succès!... Ne l'avez-vous pas entrevue derrière sa jalousie?...

Hoffmann
Il est irai que...

Spalanzani
Bien! bien!... il ne faut pas rougir pour cela!... quoi de plus naturel que de lorgner une belle fille?... Eh bien! sa beauté n'est rien, mon ami!... Elle est pétrie de talents!... et quel caractère? Vous verrez! vous verrez!... Ah! la physique!... belle chose que la physique!...

Hoffmann [à part]
Quel diable de rapport trouve-t-il entre la physique et sa fille?...

Scène III

LES MÊMES, COCHENILLE, SIX LAQUAIS, vétus d'une livrée jaune et verte

Cochenille [bégayant]
Mon...onsier... voice les la...aquais.

Spalanzani
Comment, comment?... pourquoi jaune et vert?... On m'avait promis des livrées or et chamois. Ils ressemblent à des perroquets.

Cochenille
Mon...onsier, le...le loueur a cru que c'était pour une soi...rée d'a...d'avocats.

Spalanzani
Voleur!... C'est bon! Allumez partout!...

Cochenille
Et la cham...ampagne?

Spalanzani
C'est juste!... on aura soif!... Excusez-moi, mon cher Hoffmann, je reviens dans l'instant. À la cave, Cochenille!... à la cave!...
[Il sort par le fond, suivi de Cochenille et des laquais]

Nº 6. Récit et Couplets

Hoffmann
Allons! courage et confiance,
je deviens un puits de science.
Il faut tourner selon le vent.
Pour mériter celle que j'aime,
je saurai trouver en moi-même
l'étoffe d'un savant.
Elle est là! si j'osais!...
C'est elle! Elle sommeille!
Elle sommeille! Qu'elle est belle!

Nicklausse [paraît]
Pardieu! j'étais bien sûr de te trouver ici!

Hoffmann [laissant brusquement retomber la portière]
Chut!

Nicklausse
Pourquoi? c'est là que respire la belle Olympia!
Va! mon enfant, admire!

Hoffmann
C'est un ange, oui, je l'adore.

Nicklausse
Attends à la connaître mieux.

Hoffmann
L'âme qu'on aime est aisée à connaître.

Nicklausse [railleur]
Quoi! d'un regard, par la fenêtre?

Hoffmann
Il suffit d'un regard pour embrasser les cieux!

Nicklausse
Quelle chaleur!
Au moins sait-elle que tu l'aimes?

Hoffmann
Non!

Nicklausse
Ecris-lui!

Hoffmann
Je n'ose pas.

Nicklausse
Pauvre agneau! parle-lui!

Hoffmann
Les dangers sont les mêmes.

Nicklausse
Alors chante, morbleu! pour sortir d'un tel pas.

Hoffmann
Monsieur Spalanzani n'aime pas la musique.

Nicklausse
Oui, je sais! oui, je sais:
tout pour la physique!
Eh bien! je n'ai pas peur,
c'est moi que de ce jeune coeur
sondera le mystère
et chantera pour toi.

Hoffmann
Es-tu fou?

Nicklausse
Non, non!

Hoffmann
Veux-tu te taire!

Nicklausse
J'ai le droit de chanter partout
. [Il aperçoit la guitare au mur et la saisit]
Une guitare? Bon!

Hoffmann
Je te dis non!

Nicklausse [chantant et s'accompagnant]
Voyez-la sous son éventail
tourner, baisser, lever la tête,
ouvrir ses yeux d'émail
Et dire d'un air bête:
Oui, oui, oui, halte-là!
C'est la belle Olympia!
c'est la belle Olympia,
c'est la belle Olympia!

Je sais des horloges des bois
d'où sort un petit coq en cuivre
qui chante par trois fois,
tend l'aile et semble vivre.
Ko-ko-ri-o, le coq-là
me rappelle Olympia,
me rappelle Olympia,
oui, la belle Olympia!

Nº 7. Récit et Trio

Nicklausse
Elle ne rêve plus, j'espère!

Hoffmann
Pas un mouvement...

Nicklausse
C'est trop fort!

Hoffmann
Va! langue de vipère,
chante, chante, elle dort!

Nicklausse
Au diable!

[Nicklausse remonte vers le fond; - Hoffmann reste absorbé dans sa contemplation. - Coppélius entre tout doucement par la porte de gauche; il a un sac sur l'épaule et des baromètres à la main.]

Coppélius [à demi-voix]
C'est-moi, Coppélius...
doucement! prenons garde!
[apercevant Hoffmann] Quelqu'un...

Nicklausse [se retournant]
Hein!

Coppélius
qu'est-ce donc? que ce monsieur regarde?
[il regarde pardessus l'épaule d'Hoffmann]
Notre Olympia! fort bien!

Nicklausse [à part]
Leur Olympia?

Coppélius [élevant la voix, à Hoffmann]
Jeune homme! eh! Monsieur!

Nicklausse [à Coppélius]
Il n'entend rien!

Coppélius [se retournant]
Encor quelqu'un...

Nicklausse
Voilà le seul moyen d'être entendu!
[il frappe doucement, puis plus fort sur l'épaule d'Hoffmann]

Hoffmann [se retournant]
Plaît-il?

Nicklausse [à Coppélius]
Vous voyez!
[Coppéliusvide à terre son sac]

Coppélius [à Hoffmann]
Je me nomme Coppélius,
Un ami de Monsieur Spalanzani.

Hoffmann [salue]
Monsieur!

Coppélius
J'ai des baromètres,
hygromètres, thermomètres,
au rabais, mais au comptant:
voyez, vous en serez content!

Hoffmann
Monsieur, je n'en ai que faire.

Nicklausse [riant à Hoffmann]
C'est une excellente affaire!

Coppélius
Rien qu'un seul objet,
rien qu'un...

Nicklausse [l'imitant]
Rien qu'un...

Coppélius
rien...

Nicklausse
rien qu'un...

Coppélius
qu'un baromètre...

Nicklausse
baromètre...

Coppélius
hygromètre...

Nicklausse
hygromètre...

Coppélius
chronomètre...

Nicklausse
chronomètre...

Coppélius
thermomètre!

Nicklausse
thermomètre...

Hoffmann
Peste soit de l'importun!

Nicklausse
Un baromètre, rien qu'un!

Hoffmann
Ce vieillard est fantastique!

Coppélius [à Hoffmann]
Préférez-vous l'optique?

Nicklausse
Ce vieillard est fantastique!

Coppélius
Préférez-vous l'optique?

Hoffmann
Au diable l'optique!

Coppélius
Aimez-vous l'optique?

Nicklausse
Passons à l'optique!

Hoffmann
Au diable l'optique!

Coppélius
Aimez-vous l'optique?

J'ai des yeux, de beaux yeux,
des yeux noirs, des yeux bleus!
je les vends deux par deux,
achetez-moi mes yeux!

Nicklausse
De vrais yeux, de beaux yeux,
des yeux noirs, des yeux bleus!

Hoffmann
Quoi m'offrir de beaux yeux!
Il me rend furieux!

Coppélius
Ah! monsieur, de beaux yeux,
de vrais yeux, de vrais yeux...

Hoffmann
Fou maudit, trève aux sonnettes!

Nicklausse
Il veut dire: des lunettes!

Coppélius
Achetez-moi,achetez-moi
/ mes yeux, monsieur,
| monsieur de jolis yeux!
| Nicklausse
| Quand il aurait ses yeux,
| il n'y verrait pas mieux,
| quand il aurait ses yeux,
| il n'y verrait pas mieux!
| Hoffmann
| De quel air gracieux
| il vous offre des yeux,
| il me rend furieux,
\ je n'ai pas besoin d'eux
Hoffmann
mort diable avec ses yeux, ses yeux!
Nicklausse
Des yeux, des yeux,
de vrais yeux, de beaux yeux,
de quel air gracieux!
Il vous offre des yeux,
Hoffmann est furieux!
/ De vrais yeux, de beaux yeux,
| il les vend deux par deux...
| Hoffmann est furieux!
| Hoffmann
| Il vous offre des yeux,
| oui, des yeux,
| Oui de vrais yeux,
| je suis furieux!
| Coppélius
| J'ai des yeux, de beaux yeux,
| des yeux bleus.
| J'ai des yeux, de vrais yeux,
\ oui, de beaux yeux!
Nicklausse, Hoffmann, Coppélius
De vrais yeux, de beaux yeux,
de beaux yeux, de vrais yeux!

Hoffmann [voulant sortir]
Serviteur

Coppélius
Monsieur, je vous jure qu'ils sont noirs,
bleus, perçants ou clairs,
chargés de langueur et d'éclairs
comme les yeux de la nature!
Chacun de ces lorgnons
rend noir comme le jais...

Nicklausse
...comme le jais...

Coppélius
ou il rend blanc comme l'hermine,
comme l'hermine...

Nicklausse
...comme l'hermine...

Coppélius
assombrit, assombrit, il lumine...

Nicklausse
...il lumine...

Coppélius
éclaire ou flétrit les objets, les objets.

Nicklausse
...les objets.

Hoffmann [mettant le lorgnon]
Plaisanterie!

Coppélius
Mais non!

Hoffmann
Quoi?

Coppélius [soulève brusquement la portière]
Magie!

Hoffmann
Juste ciel! Dieu puissant!
quelle grâce rayonne sur son front!

Coppélius
Trois ducats!

Hoffmann
Ah! quel charme l'environne!

Nicklausse
Courage, déraisonne!

Hoffmann
Ah! Ange du ciel, est-ce bein toi?
Tes yeux me brûlant de leur flammes,
ton front resplendit, je te vois
telle que te rêvait mon âme, ah!
Ange du ciel, est-ce bein toi,
est-ce bein toi, ange du ciel,
est-ce bein toi?

Coppélius [faisant retomber la portière]
Trois ducats!

Hoffmann
Ah! pourquoi me ravir
cette image de bonheur
et d'amour!

Coppélius
Trois ducats!

Nicklausse [à Hoffmann]
Il veut ses trois ducats!

Hoffmann
Prends-le donc!

Nicklausse [jetant une bourse à Coppélius]
Prends-le donc!

Hoffmann
Et ne me romps pas
la tête davantage, ah!
/ Ange du ciel, est-ce bein toi?
| Tes yeux me brûlant de leur flammes,
| ton front resplendit, je te vois
| telle que te rêvait mon âme, ah!
| Nicklausse
| C'est la commune loi:
| tous les amoureux ont dans l'âme
| ces lunettes-là, sur ma foi,
| Coppélius
| C'est la commune loi:
| des amoureux, oui,
\ ces lunettes-là, sur ma foi,
/ Nicklausse, Coppélius
| oui, sur ma foi, ce foi émoi
| à tous les coeurs dicte sa loi,
| dicte sa loi,
| à tous les coeurs dicte sa loi!
| Hoffmann
| Ange du ciel, ange du ciel,
| est-ce bien toi? ange du ciel,
| est-ce bein toi?
\ Ange du ciel, oui, c'est bien toi!

Scène VII

Les MÊMES, SPALANZANI, puis COCHENILLE

Dialogue

Spalanzani [entrant en se frottant les mains]
Tout est prêt!...
[il rencontre nez à nez avec Coppélius]
Hein?

Coppélius
Bonjour!

Spalanzani
Comment? vous voilà revenu!...

Coppélius
Est-ce que cela vous fâche?

Spalanzani
Il était convenu...

Coppélius
Rien d'écrit!

Spalanzani
Et votre parole?

Coppélius
Je la reprends!

Spalanzani
Diable!
[se tournant vers Hoffmann]
Pardon, mon cher Hoffmann, une petite affaire à terminer...

Hoffmann
Comment donc, cher maître!...
[il se retire avec Nicklausse dans le fond du théâtre]

Spalanzani [à Coppélius]
Alors?

Coppélius
Cinq cents ducats et je vous tiens quitte.

Spalanzani
Encore?...

Coppélius
Aimez-vous mieux tout partager?

Spalanzani
Mais Olympia est ma fille, que diable!

Coppélius
Pardon!... elle a mes yeux!

Spalanzani
Je vous les ai payés.

Coppélius
Misérablement.

Spalanzani [à part]
Bien te prend, vieux coquin, que je ne sache pas ton secret. -- Mais j'y pense... eh! eh! c'est une idée cela!...

Coppélius
Eh bien?...

Spalanzani
Eh bien!... puisqu'il le faut, signez-moi la cession pleine et entière d'Olympia, y compris ses yeux, et je vous donne vos cinq cents ducats.

Coppélius
Espèces?

Spalanzani [tirant un papier de sa poche]
C'est tout comme... Une traite à vue sur le juif Élias.

Coppélius
Oui, maison solide.

Spalanzani
Est-ce dit?

Coppélius
C'est dit.
[il tire ses tablettes de sa poche et écrit]
Pauvre chère enfant!... C'est pour rien!... Enfin!
[déchirant une feuille de ses tablettes et la présentant à Spalanzani]
Tenez!

Spalanzani
Donnant, donnant!
[ils échangent les papiers]

Coppélius
Savez-vous un idée qui me vient?

Spalanzani
Laquelle?

Coppélius
Vous devriez marier Olympia.

Spalanzani
Ah! ah!... bonne idée, bonne idée!

Coppélius
Vous croyez que je plaisante?...
[montrant Hoffmann]
Demandez à cet imbécile!...

Spalanzani
Qui?... Hoffmann?...

Coppélius
Il en est amoureux fou!

Spalanzani [riant]
Oui, je sais.

Coppélius
Quel nigaud!...

Spalanzani
C'est jeune! c'est jeune!

Coppélius [ramassant tout son bagage de lunettes et de baromètres]
Allons! je vous laisse à votre petite fête... Adieu!

Spalanzani
Bonsoir!

Coppélius [en passant devant Hoffmann]
Eh! eh!

Cochenille [paraissant]
Hi! hi!...

Nicklausse
Ah! ah!

[Coppélius sort. -- Des rires étranges se font entendre dans la coulisse, comme des échos]

Spalanzani [riant le dernier]
Oh! oh!

Hoffmann [à part]
Qu'ont-ils à rire?...

Spalanzani [à part]
Va, mon bon ami, va te faire payer chez le juif Élias!...

Cochenille
Mon...onsieur, voi...oilà vos invités.

Spalanzani
Enfin!...
[à Hoffmann]
La physique, mon cher!... La physique!

Hoffmann [bas, à Nicklausse]
C'est une manie!

Nº 8. Choeurs, Scène et Couplets

[Les laquais ouvrent les tapisseries. Les invités qui remplissent la galerie du fonds entrent en scène]

Choeur [SATTB]
Non aucun hôte vraiment, non, mais vraiment
ne reçoit plus richement,
Choeur [B]
plus richement!
Choeur [SATTB]
Par le goût sa maison brille, sa maison brille;
/ Choeur [SATT]
| tout s'y trouve, tout s'y trouve réuni.
| Choeur [B]
\ tout s'y trouve réuni.
Ça, monsieur Spalanzani,
/ ah! ça, monsieur,
| Choeur [T]
\ Ça, monsieur Spalanzani,
/ ça, monsieur,
| Choeur [SA]
\ Ça, monsieur Spalanzani,
Choeur [SATTB]
présentez-nous votre fille.

/ Choeur [B]
On la dit faite à ravir,
/ faite à ravir,
| on la dit faite à ravir,
| exempte de vices;
| nous comptons nous rafraichir
| après quelques exercices, exercices.
| Choeur [T]
| On la dit faite à ravir,
| on la dit exempte de vices,
| nous comptons nous rafraichir
| après quelques exercices.
| Choeur [SA]
| ...on la dit faite à ravir,
\ aimable, exempte de vices.

Choeur [SATTB]
Non aucun hôte vraiment, non, mais vraiment
ne reçoit plus richement,
Choeur [B]
plus richement!
Choeur [SATTB]
Par le goût sa maison brille, sa maison brille;
/ Choeur [SATT]
| tout s'y trouve, tout s'y trouve réuni.
| Choeur [B]
\ tout s'y trouve réuni.
Choeur [SATTB]
tout s'y trouve réuni,
tout s'y trouve réuni.

Spalanzani
Vous serez satisfaits,
messieurs, dans un moment.
[Il fait signe à Cochenille de le suivre et sort avec lui par la droite. Les invités se promènent par groupes en admirant la demeure de Spalanzani.]

Nicklausse [s'approchant d'Hoffmann]
Enfin nous allons voir
de près cette merveille,
cett merveille sans pareille!

Hoffmann
Silence! la voici!

[Entrée de Spalanzani conduisant OLYMPIA. Cochenille les suit. Curiosité générale]

Spalanzani
Mesdames et messieurs,
je vous présente ma fille Olympia

/ Choeur [B]
| Charmante, charmante, charmante, charmante!
| Choeur [T]
| Charmante, charmante, charmante!
| Choeur [SA]
\ Charmante, charmante!

Choeur [SATTB] [très détaché, avec affectation]
Elle a de très beaux yeux,
sa taille est fort bien prise,
voyez comme elle est mise,
il ne lui manque rien.
elle a de très beaux yeux;
sa taille est fort bien prise;
voyez comme elle est mise,
vraiment, elle est très bien!

Hoffmann [à Nicklausse]
Ah! qu'elle est adorable!

Nicklausse [en la lorgnant]
Charmant! incomparable!

Spalanzani [à Olympia]
Quel succès est le tien!

Nicklausse
Vraiment elle est très bien!

Choeur [SATTB]
Elle a de très beaux yeux,
sa taille est fort bien prise,
voyez comme elle est mise,
il ne lui manque rien.
Vraiment, vraiment,
Choeur [SA]
elle est très bien,
Choeur [SATTB]
elle est très bien!
vraiment, vraiment,
Choeur [SA]
elle est très bien,
Choeur [SATTB]
elle est très bien!
Choeur [B]
elle est très bien,
Choeur [SATTB]
elle est très bien,
Choeur [B]
elle est très bien,
Choeur [SATTB]
elle est très bien,
elle est très bien,
très bien!

Spalanzani
Mesdames et messieurs,
fière de vos bravos,
Et surtout impatiente
D'enconquérir de nouveaux.
Ma fille, obéisant à vos moindres caprices,
Va s'il vous plaît...

Nicklausse
Passe à d'autres exercices!

Spalanzani
Vous chanter un grand air
En suivant de la voix,
Talent rare,
Le clavecin ou la guitare.
Ou la harpe à votre choix!

Cochenille [au fond du théâtre en voix de fausset]
La harpe!

Une Voix de Basse [répond dans la coulisse à la voix de Cochenille]
La harpe!

Spalanzani
Fort bien! Cochenille,
va vite nous chercher la harpe,
la harpe de ma fille! [Cochenille va chercher la harpe]

Hoffmann
Je vais l'entendre, ô joie!

Nicklausse [à part]
Ô folle passion!

Spalanzani [à Olympia]
Maîtrise ton émotion, mon enfant!
[il lui touche l'épaule]

Olympia
Oui, oui.

Cochenille [apporte la harpe et une flûte]
Voi - oi - là!

Spalanzani
Messieurs, attention!

Cochenille
A - attention!

Choeur [SAT]
Attention!
Choeur [B]
Attention!

Couplet
[Olympia chante en s'accompagnant de la harpe; Cochenille la séconde à la flute]

Olympia
Les oiseaux dans la charmille, Dans les cieux l'astre du jour Tout parle à la jeune fille, Tout parle à la jeune fille d'amour! Ah! tout parle d'amour, Ah! Voilà la chanson gentille, La chanson d'Olympia, d'Olympia! Ah! ah! ah! ah! ah! ah! ah! [Sa voix faiblit: Cochenille touche l'épaule d'Olympia. Bruit d'un ressort] / Voilà la chanson gentille, | La chanson d'Olympia, d'Olympia! | Ah! ah! ah! ah! ah! | Choeur [SATTB]
| C'est la chanson d'Olympia, | La chanson d'Olympia, | C'est la chanson d'Olympia! | Bravo! | Choeur [B]
| C'est la chanson d'Olympia, | La chanson d'Olympia, | La chanson, la chanson d'Olympia! \ Bravo!

Olympia
Tout ce qui chante résonne Et soupire tour à tour, Emeut son coeur qui frissonne, Emeut son coeur qui frissonne d'amour, Ah!! Ah! frissonne d'amour! Voilà la chanson gentille, La chanson d'Olympia, d'Olympia! Ah! ah! ah! ah! ah! ah! ah! [Sa voix faiblit: Cochenille touche l'épaule d'Olympia. Bruit d'un ressort] / Voilà la chanson gentille, | La chanson d'Olympia, d'Olympia! | Ah! ah! ah! ah! ah! | Choeur [SATTB]
| C'est la chanson d'Olympia, | La chanson d'Olympia, | C'est la chanson d'Olympia! | Bravo! | Choeur [B]
| C'est la chanson d'Olympia, | La chanson d'Olympia, | La chanson, la chanson d'Olympia! \ Bravo!

Hoffmann [à Nicklausse]
Ah! mon ami! quel accent!

Nicklausse
Quelles gammes, quelle gammes!

[Cochenille a enlevé la harpe et tout le monde s'est empressé autour d'Olympia qui remercie tour à tour de la main droite et de la main gauche. Hoffmann la contemple avec ravissement, un laquais vient dire quelques mots à Spalanzani]

Spalanzani
Allons, messieurs, La main aux dames! Le souper nous attend!

Choeur [B]
Le souper! Choeur [TB]
Le souper! Choeur [SATTB]
Le souper! bon cela!

Spalanzani
A moins qu'on ne préfère danser d'abord?

Choeur [TTB] [avec énergie]
Non! non! le souper bonne affaire! Choeur [SATTB]
En suite on dansera, on dansera!

Spalanzani
Comme il vous plairra!

Hoffmann [s'approchant d'Olympia]
Oserai-je?

Spalanzani [intervenant]
Elle est un peu lasse; attendez le bal. [il touche l'épaule d'Olympia]

Olympia
Oui! Oui!

Spalanzani
Vous voyez! jusque là Voulez-vous me faire la grâce De tenir compagnie à mon Olympia?

Hoffmann
Ô bonheur!

Spalanzani [à part, en riant]
Nous verrons ce qu'il lui chantera!

Nicklausse [à Spalanzani]
Elle ne soupe pas?

Spalanzani [parlé]
Non!

Nicklausse
Âme poétique! [Spalanzani passe un moment derrière Olympia. On entend de nouveau le bruit d'un ressort qu'on remonte. Nicklausse se retourne] Plaît-il?

Spalanzani
Rien! la physique! ah monsieur! la physique!

Cochenille
Le-e souper vou-ous attend! [Spalanzani conduit Olympia à un fauteuil et l'y fait asseoir, puis il sort avec ses invités]

Choeur [SATTB]
Le souper nous attend, nous attend! Non aucun hôte vraiment, non, mais vraiment
Ne reçoit plus richement,
Choeur [B]
plus richement!
Choeur [SATTB]
Non aucun hôte vraiment, non, mais vraiment
Ne reçoit plus richement!
[ils sortent]

Nº 9. Récit et Romance

Hoffmann
Ils se sont éloignés enfin! ah! je respire!
Seuls! seuls tous deux!
[s'approchant d'Olympia] que j'ai de choses à te dire!
O mon Olympia, laisse-moi t'admirer!
De ton regard charmant laisse-moi m'enivrer!
[il lui touche l'épaule]

Olympia
Oui, oui!

Hoffmann
N'est-ce pas un rêve enfanté par la fièvre?
J'ai cru voir un soupir s'échapper de ta lèvre!
[même jeu]

Olympia
Oui, oui!

Hoffmann
Doux aveu, gage de nos amours!
Tu m'appartiens!
Nos coeurs sont unis pour toujours!

Ah vivre deux, n'avoir qu'une même espérance,
un même souvenir!
Partager le bonheur, partager la souffrance,
partager la souffrance, oui, la souffrance,
partager l'avenir.
Laisse, laisse ma flamme verser en toi le jour!
Ah! Laisse éclore ton âme aux rayons de l'amour!
Laisse éclore ton âme aux rayons de l'amour!

Ah! comprends-tu, dis-moi, cette joie éternelle
des coeurs silencieux?
Vivants n'être qu'une âme et du même coup d'aile,
n'être qu'une âme et du même coup d'aile
nous élancer aux cieux!
Laisse, laisse ma flamme verser en toi le jour!
Ah! Laisse éclore ton âme aux rayons de l'amour!
Laisse éclore ton âme aux rayons de l'amour!
[Il presse la main d'Olympia avec passion]

Nº 10. Final

Olympia, si elle était mue par un ressort, se lève aussitôt, parcourt la scène en differents sens et sort enfin par une porte du fond, sans se servir de ses mains pour écarter la tapisserie; Hoffmann se lève et suit Olympia dans ses évolutions.

Hoffmann
Tu me fuis? Q'ai-je fait?
Tu ne me réponds pas?
Parle! T'ai-je irritée?
Ah! Je suivrai tes pas!

[Au moment où Hoffmann va s'éloigner à la suite d'Olympia, Nicklausse paraît]

Nicklausse
Eh morbleu! modère ton zèle!
Veux-tu qu'on se grise sans toi?

Hoffmann [avec ivresse]
Nicklausse, je suis aimé d'elle!
Aimé! Dieu puissant!

Nicklausse
Par ma foi! si tu savais ce qu'on dit de ta belle!

Hoffmann
Que peut-on dire? Quoi?

Nicklausse
Qu'elle est morte...

Hoffmann
Dieu juste!

Nicklausse
... ou ne fut pas en vie!
[Du dehors, on entend une musique de flûte et de la harpe]
Écoute ce joyeux signal!
[Hoffmann ne bouge pas]
Viens avec Olympia ouvrir le bal,
ainsi tu verras si elle est vit!

Hoffmann [à part]
Oui, pauvres fous qui riez d'elle!
L'amour m'appelle à ses genoux.
Fermez vos yeux à la lumière,
vaine poussière, voilà les cieux!
Au feu vainquer qui me pénètre
un coeur va naître près de mon coeur,
on sent frémir en lui la flamme,
bientôt une âme en va jaillir!

Nicklausse
Allons! Viens! allons! viens!

Hoffmann
Je vous brave tous, oui tous!
/ ah! ah! pauvre fous, qui riez d'elle,
| l'amour m'appelle à ses genoux,
| fermez vos yeux à la lumière,
| vaine poussière, voilà le cieux!
| Au feu vainqueur qui me pénêtre
| un coeur a naître près de mon coeur,
| on sent frémir en lui la flamme,
| bientôt une âme en va jaillir!
| Nicklausse []
| Ah! Malheureux fous, suivez la belle
| qui vous appelle à ses genoux,
| fermez vos yeux à la lumière,
| dans la poussière voyez les cieux!
| L'amour vainqueur qui vous pénêtre
| ne fait pas naître un autre coeur,
| il peut dormir, foyer sans flamme
\ dont aucune âme ne doit jaillir!
[isl sortent]

[Coppélius entre furieux par la petite porte de gauche]

Coppélius
Voleur! brigand! quelle déroute!
Élias a fait banqueroute!
Va! je saurait trouver le moment opportun
Pour me venger!
Volé! volé! moi!! je tuerai quelqu'un!

[Les tapisseries du fond s'écartent. Coppélius se glisse dans la chambre d'Olympia. Spalanzani, Cochenille, Olympia, Hoffmann, Nicklausse, invités et laquais rentrent en scène]

Spalanzani [à Cochenille]
Voici les valseurs!

Cochenille
Voici la...a ritournelle!

Hoffmann [à Olympia]
C'est la valse qui nous appelle!

Spalanzani [à Olympia]
Prend la main de monsieur, mon enfant!
[il la touche à l'épaule]
Allons!

Olympia
Oui! oui!

[Hoffmann enlace la taille d'Olympia, ils commencent à valser. On leur fait place et ils disparaissent par la gauche. Le choeur les suit des yeux. Spalanzani cause sur le devant de la scène avec Nicklausse]

Choeur [SATTBB]
Elle danse en cadences,
c'est merveilleux, prodigieux!
Place, place, elle passe,
elle fend l'air comme un éclair!
Elle danse en cadences,
c'est merveilleux, prodigieux!
Place, place, elle passe,
elle fend l'air comme l'éclair!

[Hoffmann et Olympia ont repassé en valsant dans le fond de la galerie et ont disparu, par la droite. Le mouvement de la valse s'anime de plus en plus.]

La Voix d'Hoffmann [dans la coulisse]
Olympia!

Spalanzani
Qu'on les arrête, qu'on les arrêtte!

Choeur [TB]
Qui de nous lest arrêtera?

[Hoffmann et Olympia reparaissent et redescendent en scène en valsant de plus en plus vite. Nicklausse s'élance les arrêter, sans succès]

Nicklausse
Elle va lui casser la tête!
Eh! mille diables!

Choeur [SATTB]
Patatra!

Spalanzani [s'élançant à son tour]
Halte là!
[Spalanzani touche Olympia à l'épaule. Elle s'arrête subitement. Hofmann, étourdi, va tomber sur un canapé]
[aux invités] Voilà!
[à Olympia] Assez, assez, ma fille!

Olympia
Oui!

Spalanzani
Il ne faut pas plus valser!

Olympia
Oui.

Spalanzani
Assez, assez, ma fille;
toi, Cochenille, reconduis-là!

Cochenille
Va..a donc! va..a donc! va!
[poussant Olympia qui se tourne vers la droite]

Olympia
Oui. ah!
/ ah! ah! ah!
| Choeur
| Que voulez-vous qu'on dise?
| C'est une fille ezquise,
| il ne lui manque rien;
| elle est très bien,
\ elle est très bien!
[Elle sort par la droite, suivi de Cochenille]

Choeur
Elle est très bien, elle est très bien!

Nicklausse [d'une voix dolente en regardant Hoffmann]
Est-il mort?

Spalanzani [examinant Hoffmann]
Non, en somme
son lorgnon seul
est en debris,
il reprend ses esprits.

Choeur
Pauvre jeune homme!

Nicklausse
Il reprend ses esprits.

Choeur
Pauvre jeune homme!

Cochenille [dans la coulisse]
Ah!

Spalanzani
Quoi?

Cochenille [il entre en scène, la figure bouleversée]
l'homme aux lunettes, là!

Spalanzani [va pur s'élancer]
Miséricorde! Olympia!

Hoffmann
Olympia!
[On entend dans la coulisse un bruit de ressorts qui se brisent avec fracas]

Spalanzani
Ah! terre et cieux! elle est cassée!

Hoffmann
Cassée?
[Il se lève d'un bond et court à la chambre d'Olympia, passe devant Coppélius qui en sort en riant à gorge déployée]

Coppélius
Ha! ha! ha! oui fracassée!

Spalanzani [ils se jettent l'un sur l'autre et se prennent au collet]
Gredin!

Coppélius
Voleur!

Spalanzani
Brigand!

Coppélius
Paiën!

Spalanzani
Bandit!

Coppélius
Pirate!

Hoffmann [apparaissant pâle et épouvanté. Il se laisse tomber sur un fauteuil. Nicklausse cherche à le calmer. Éclat de rire général]
Un automate! un automate!

Choeur
Ah! ah! ah! la bombe éclate!
il aimait un automate!
Ah! la bombe éclate!
il aimait un automate!
Nicklausse
Un automate!
Choeur
Ah! la bombe éclate!
Hoffmann
Un automate!
Choeur
Ah! la bombe éclate!

Coppélius
Ah! ah! ah! fracasséee!

Spalanzani [se battant avec Coppélius]
Gredin!

Coppélius
voleur!

Coppélius, Spalanzani
gredin!

Choeur
Un automate!

Spalanzani
| brigand! brigand!
| Coppélius
\ paién! paién!

/ Choeur
| Un automate! un automate!
| Ah! ah! ah! la bombe éclate!
| il aimait un automate!
| Spalanzani
| gredin! brigand! bandit! assasin! assasin!
| mon automate!
| Coppélius
| voleur! paiën! pirate! assassin!
\ Ah! ah! il est fracassé!

/ Cochenille
| Pauvre automate!
| la bombe écalte!
| Un automate!
| Il est fracassé!
| Il aimait un automate
| il aimait un automate
| il aimait un automate, un automate!
| Spalanzani
| Ah! terre et cieux!
| mon pauvre automate est cassé!
| Il est cassé! cassé!
| gredin! paiën! gredin! paiën!
| Pauvre automate,
| pauvre automate,
| pauvre automate!
| Coppélius
| Pauvre automate fracassée!
| Ah! ah! ah! ah! ah! ah! ah!
| Il est fracassé! fracassé! fracassé!
| Voleur! brigand! voleur! brigand!
| Ah! ah! ah! ah! ah! ah! ah! ah!
| pauvre automate!
| Choeur [SA]
| la bombe éclate,
| il aimait un automate,
| il aimait un automate!
| Il aimait un automate!
| il aimait un automate,
| il aimait un automate, un automate!
| Choeur [TT]
| la bombe éclate,
| il aimait un automate, un automate!
| Il aimait un automate!
| il aimait un automate,
| il aimait un automate, un automate!
| Choeur [B]
| la bombe éclate,
| il aimait, il aimait un automate,
| un automate!
| Il aimait un automate,
| il aimait un automate,
\ il aimait un automate, un automate!

[RIDEAU]



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Monday, 08-Dec-2003 21:49:04 PST