JULES BARBIER & MICHEL CARRÉ / JACQUES OFFENBACH

Les contes d'Hoffmann

Acte Troisième



Chez Crespel

Une chambre bizarrement meublée. A droite un clavecin. Violons suspendus au mur; à gauche une fenêtre en pan coupé. Au fond, deux portes dont l'une donne chez Antonia; devant, à gauche, l'encastrement d'une fenêtre qui mène au balcon et qui est fermée par un rideau. Entre les deux portes au fond un grand portrait de femme accroché au mur. Soleil couchant.

Nº 11. Romance

Antonia [Elle est assise devant le clavecin]
Elle a fui, la tourterelle!
Ah! souvenir trop doux!
Image trop cruelle!
Hélas! à mes genoux
Je l'entends, je le vois!
Hélas! à mes genoux
je l'entends, je le vois!
[elle descend sur le devant de la scène]

Elle a fui, la tourterelle,
Elle a fui loin de toi;
Mais elle est toujours fidèle
Et te garde sa foi!
Mon bien aimé, ma voix t'appelle,
Oui, tout mon coeur est à toi!
Tout mon coeur est à toi!
Tout mon coeur est à toi!
Elle a fui, la tourterelle,
Elle a fui, elle a fui loin de toi!
[Elle se rapproche du clavecin et continue, debout, en feuilletant la musique]

Chère fleur qui vient d'éclore,
Par pitié réponds-moi!
Toi qui sais s'il m'aime encore
S'il me garde sa foi!
Mon bien aimé, ma voix t'implore,
Ah! que ton coeur vienne à moi!
Que ton coeur vienne à moi!
Que ton coeur vienne à moi...
Elle a fui, la tourterelle,
Elle a fui, elle a fui loin de toi!
[Elle se laisse tomber sur la chaise qui est devant le clavecin. Crespel entre brusquement]

Dialogue

Scène II

CRESPEL, ANTONIA

Crespel [entrant brusquement et courant à Antonia]
Malheureuse enfant!... Tu m'avais promis de ne pas plus chanter!... Je crois toujours entendre la voix de ta mère et cela me brise le coeur. Si tu m'aimes, ne chante plus jamais, jamais!...

Antonia
Qu'exigez-vous de moi?... -- Ma mère!... la plus grande cantatrice de toute l'Allemagne!... Ne m'aviez-vous pas accoutumée vous-même à cette pensée, présomptueuse peut-être, que j'étais digne de la remplacer?... Ah! ce sont tous mes rêves que vous brisez!... N'importe!... Vous le voulez... je ne chanterai plus!

Crespel
Tu pleures?...

Antonia
Non, non; ce n'est rien. Tenez! il n'y paraît plus.

Crespel
Merci chère enfant, merci. -- Je suis un égoïste, c'est vrai; mais... c'est plus fort que moi; depuis que j'ai perdu ta mère. Je ne peux plus entendre chanter une note. -- Voyons! il faut te distraire: veux-tu démonter un violon?...

Antonia
Comme vous voudrez, mon père.

Crespel [décrochant un violon du mur]
Tiens, regarde!... Le beau violon à démonter!... Vois-tu, là?... 1647, -- Comme il est fin d'encolure et bien près de la taille. C'est l'oeuvre d'un maître, Antonia!... Je veux étudier cette boîte-là.

Antonia
Bien! donnez, mon père.
[elle prend le violon]

Crespel
Vois-tu, Antonia, quand je les aurai tous étudiés, je veux faire un violon à mon tour, mais le roi des violons!... Je lui donnerai ta voix, Antonia. -- Là, dans l'intérieur, j'écrirai ton nom; et dans quelque cent ans d'ici tu auras encore des amoureux!
[Antonia hoche la tête sans répondre]
Ah!... tu penses toujours à cet Hoffmann!...

Antonia
Pourquoi n'y penserais-je pas?...

Crespel
Les jeunes gens aiment vite et ils oublient de même!..

Antonia
Non!... il était absent lorsque vous avez quitté brusquement Munich pour me conduire à Venise où vous appelaient, m'avez-vous dit, de sérieux intérêts. Qui sait s'il a reçu nos lettres et s'il ne court pas partout sur nos traces? Je ne puis comprendre son silence; mais je suis sûre qu'il ne m'a pas oubliée!...

Crespel
Pardonne-moi, chère enfant!... C'est ma tendresse jalouse qui me fait parler ainsi!...

Antonia
Oh! je le sais, mon père!... et je ne vous en veux pas!...
[elle fait quelques pas pour sortir]

Crespel
Tu me quittes?

Antonia
Je vais démonter ce violon.

Crespel
Embrasse-moi d'abord!
[il la baiser au front]
Va, ma chèrie, va!
[Antonia sort]

Scène III

CRESPEL (seul)

Crespel [il regarde de portrait]
Cette ressemblance est effrayante!... Il me semble toujour voir monter à sa joue cette coloration fiévreuse qui annonçait la mort de sa mère en la rendant plus belle! Ah! c'est ce maudit Hoffmann qui lui a tourné la tête!... Pauvre Antonia!... avec six mois de la vie d'artiste, c'en était fait de toi!... Qu'Hoffmann reste à Munich; il ne saura jamais où j'ai caché mon trésor.

Scène IV

CRESPEL, FRANTZ

Frantz [entrant par le fond. Il tient à la main une lampe qu'il pose sur la table]
Monsieur, on vous attend à la Société philharmonique.

Crespel
Mon chapeau!

Frantz [regardant par la croisée]
Très beau, Monsieur.

Crespel
Comment, très beau?

Frantz
A moins qu'il ne pleuve.

Crespel
Je te demande mon chapeau, animal!

Frantz
Ah! très bien!... Vous ne prononcez pas!
[il présente une canne à Crespel]

Crespel [prenant la canne]
Bélitre!...
[il fait mine de frapper Frantz]

Frantz [sautant en arrière]
Holà!

Crespel
Ah! ah! tu n'es pas sourd aux coups de bâton, à ce qu'il paraît. Écoute ici!... Tu ne recevras personne.

Frantz
Vous croyez?...
[il fait un pas pour sortir]

Crespel
Où vas-tu?...

Frantz
Je vais voir si l'on sonne, comme vous me l'avez commandé.

Crespel
Peste soit du butor!...
[élevant la voix]
J'ai dit: Tu ne recebras personne!...

Frantz
Ah! très bien!... Il faut prononcer.

Crespel
Personne, tu m'entends!...
[Frantz ne répond pas; Crespel reprend d'une voix de stentor]
Tu m'entends?...

Frantz [de même]
Eh! oui! Monsieur!... je ne suis pas sourd!

Crespel
Je m'en aperçois. -- Ainsi c'est convenu, n'est-ce pas?...

Frantz
Je l'ignore, Monsieur; j'étais sorti.

Crespel [furieux]
Que le diable t'emporte!...

Frantz
Oui, Monsieur; à double tour!
[Crespel hausse les épaules et sort]

Scène V

FRANTZ (seul)

Eh bien! Qu'est-ce qu'il a?... Qu'est-ce qu'il a?... -- Mon Dieu! que les maîtres sont exigeants!... Il n'y a jamais moyen de les contenter!

Nº 12. Couplets

Frantz
Jour et nuit, je me mets en quatre,
Au moindre signe je me tais,
C'est tout comme si je chantais!
Encore non, si je chantais
De ses mépris il lui faudrait rabattre,
Je chante seul quelquefois:
Mais chanter n'est pas commode.
Tra la la la la la la la la la la la la,
Ce n'est pourtant par la voix,
la la la la la la la la la la la la la,
Qui me fait défaut, je crois.
La la la la la la la la la la la la la la la la la la la.
[il fait un couac]
Non, c'est la méthode, c'est la méthode,
c'est la méthode, la méthode!
Tra la la la la la la la la la
la la la la la la la la la la
la la la la la la la la la!

Dame! on n'a pas tout en partage,
Je chante pitoyablement!
Mais je danse agréablement,
je me le dis sans compliment.
Corbleu! la danse est à mon avantage.
C'est là, c'est là mon grand attrait,
Et danser n'est pas commode!
Tra la la la la la la la la la la la la,
près des femmes le jarret,
la la la la la la la la la la la la la,
N'est pas ce qui me nuirait.
La la la la la la la la la la la la la la la la la la la.
[Il fait un faux pas et tombe]
Non, c'est la méthode, c'est la méthode,
c'est la méthode, la méthode!
Tra la la la la la la la la la
la la la la la la la la la la
la la la la la la la la la!
[il tombe dans le fauteuil.]

Dialogue

Scène VI

FRANTZ, HOFFMANN, NICKLAUSSE

Hoffmann
Voilà ce brave Frantz; c'est bien ici.

Nicklausse
Qu'a-t-il à se promener par terre?

Hoffmann [frappant sur l'épaule de Frantz, qui est resté à genoux]
Hé! Frantz!

Frantz [se relevant]
Hein! Monsieur Hoffmann!... Monsieur Nicklausse!

Nicklausse
Oui, nous n'avons pas le temps de nous étonner. Voilà six mois qu'Hoffmann me fait courir bon gré, mal gré, après la fille de M. Crespel; tu comprends que je suis pressé d'en finir.

Hoffmann
Comment se porte Antonia?

Frantz
Il vient de sortir, Monsieur.

Nicklausse
Ah! ah! il paraît que tu joues toujours aux propos interrompus?

Frantz
Oui, Monsieur, à la Societé philharmonique.

Nicklausse
Imbécile!

Frantz
Comme à l'ordinaire.

Hoffmann [élevant la voix]
Je te parle d'Antonia.

Frantz
Mademoiselle Antonia?... Vous ne prononcez pas!... Il ne prononce pas!... Ah! Monsieur!... Toujours fraîche et jolie comme une... comme un... comme qui dirait...

Nicklausse
C'est bon; On te dispense de la comparaison. -- Va-t'en!

Frantz
A peu près.

Hoffmann [criant]
Va-t'en!

Frantz
Ah! fort bien!
[fausse sortie]
Mais non, diable!... Monsieur m'a défendu de recevoir qui qe ce soit.

Nicklausse [lui parlant dans le tuyau de l'oreille]
Eh bien! est-ce que nous sommes qui que ce soit?...

Frantz
C'est juste!...

Nicklausse [tranquillement]
Idiot! animal! crétin! bête brute!...

Frantz
Oh! non, Monsieur; pas avant une heure.
[en s'en allant]
C'est qu'il m'avait dit: Mon bon Frantz, tu ne recevras qui que ce soit!... tu entends!... qui que ce soit!...
[il sort]

Nº 13. Récit et Romance

Hoffmann
Enfin je vais avoir pourquoi
sans me rien dire,
on s'éloigne, on me fuit.

Nicklausse
Bon, c'est qu'apparemment tu ne plais plus au père!
Es-tu sûr seulement que le céleste object
de ce nouveau délire vaille mieux que l'autre?

Hoffmann
Comment? quel autre?

Nicklausse [sarcastiquement]
Ah! l'âme ingrate
qui ne se souvient plus déjà
du très bel automate, ah! de l'automate!

Hoffmann
Ne me rappelle donc pas cette histoire!
Antonia n'a rien en commun avec cette poupée!

Nicklausse
Rien?

Hoffmann
Rien!

Nicklausse
Bien, bien!
Elle vit -- elle a une âme...

Hoffmann
C'est un ange!

Nicklausse
Non! Elle est une artiste, --
c'est pourquoi son âme est aussi étrange
que celle de ces instruments là-haut.
[il pince une corde de violon et la touche avec l'archet]

Romance

Vois sous l'archet frémissant
vibrer la boîte sonore,
Entends le céleste accent
de cette âme qui s'ignore,
Écoute passer dans l'air
Le son pénétrant et clair
de cette corde éplorée,
de cette corde éplorée:
Elle console tes pleurs,
Elle mêle ses douleurs
à ta douleur enivrée!
C'est l'amour, c'est l'amour vainqueur,
Poète, donne ton coeur!
C'est l'amour, l'amour vainqueur,
donne, Poète, donne ton coeur!
Elle console tes pleurs,
Elle mêle ses douleurs à ta douleur,
à ta douleur enivrée, enivrée,
à ta douleur enivrée:
c'est l'amour, oui, c'est l'amour,
c'est l'amour vainqueur,
Poète, donne ton coeur!
C'est l'amour, l'amour vainqueur,
donne, Poète, donne ton coeur!

Dialogue

Scène VII

HOFFMANN, NICKLAUSSE, puis ANTONIA

Hoffmann [s'éloignant de Nicklausse]
Ah! tu doutes de tout!...

Nicklausse
Oui, je te vois venir! prends à témoin ce chant délicieux où se mêlaient vos voix et vos coeurs!...

Hoffmann [s'asseyant devant le clavecin et s'accompagnant]
C'est une chanson d'amour
Qui s'envole
Triste ou folle,
Qui s'envole
Triste ou folle...

Antonia [entrant précipitamment en scène]
HOffmann!...

Hoffmann [se relevant et recevant Antonia dans ses bras]
Antonia!...

Nicklausse [à part]
Je suis de trop!... Bonsoir!...
[il s'esquire]

Nº 14. Duo

Antonia
Ah! je le savais bien que tu m'aimais, que tu m'aimais encore!

Hoffmann
Mon coeur m'avait bien dit que j'étais regretté!
Mon coeur m'avait bien dit que j'étais regretté.
Mais pourquoi nous a-t-on séparés?

Antonia
Je l'ignore!

Hoffmann
Antonia, dis-moi la vérité!
Pourquoi ce long silence,
cette cruelle absence
Et ce départ précipité?

Antonia
J'ai vainement interrogé mon père!

Hoffmann
C'est lui, c'est lui qui t'éloigne de moi!
D'où viennent ses craintes? Pourquoi? Pourquoi?
Il est temps d'éclaircir cet étrange mystère.

Antonia
Que dis-tu là, cher bien-aimé?
N'est-ce pas lui
qui mit cette main dans la tienne?
N'est-ce pas lui?
Qu'il t'en souvienne...

Hoffmann
Je veux te croire!
En vain mon coeur s'est alarmé!
Loin de moi cette crainte folle!
Un seul de tes regards
M'enivre et me console!
Antonia!

Antonia
Cher bien-aimé!

Hoffmann
Ah! J'ai le bonheur dans l'âme!
Demain tu seras ma femme!
Heureux époux, heureux époux,
L'avenir est à nous! est à nous!
L'avenir est à nous.
L'avenir, l'avenir est à nous, à nous.

Antonia
Ah! J'ai le bonheur dans l'âme!
Demain je serai ta femme!
Heureux époux, heureux époux,
L'avenir est à nous! est à nous!
L'avenir est à nous.
L'avenir, l'avenir est à nous, à nous.

Hoffmann, Antonia
A l'amour soyons fidèles!
Que ses chaînes éternelles,
/ Hoffmann
| Ah! gardent nos coeurs, nos coeurs
| Du temps même vainqueurs, du temps vainqueurs!
| A l'amour soyons fidèles!
| Antonia
| oui, gardent nos coeurs
| Du temps même vainqueurs!
\ A l'amour soyons fidèles!

/ Hoffmann
| J'ai le bonheur dans l'âme!
| J'ai le bonheur dans l'âme!
| Demain tu seras ma femme!
| Heureux époux,,
| L'avenir, l'avenir est à nous, est à nous!
| Antonia
| J'ai le bonheur dans l'âme!
| Demain je serais ta femme!
| Heureux époux,,
\ L'avenir est à nous, est à nous!
Hoffmann, Antonia
L'avenir est à nous,
L'avenir, l'avenir est à nous, à nous,
L'avenir est à nous! à nous!

Hoffmann
Pourtant, ô ma fiancée,
Te dirai-je une pensée
Qui me trouble malgré moi?
La musique m'inspire un peu de jalousie;
Tu l'aimes trop!

Antonia [souriant]
Voyez l'étrange fantaisie!
T'aimè-je donc pour elle
Ou l'aimè-je pour toi?
Car toi tu ne vas pas me défendre de chanter
Comme a fait mon père?

Hoffmann [très vite]
Que dis-tu!

Antonia [mystérieusement]
Oui, mon pè à présent
m'impose la vertu du silence...
[très vite] Veux-tu m'entendre?

Hoffmann [à part]
C'est étrange! est-ce donc?

Antonia [l'entraînant vers le clavecin] [avec force]
Viens là comme autrefois!
viens là écoute et tu verras
si j'ai perdu ma voix,
si j'ai perdu ma voix!

Hoffmann
Comme ton oeil s'anime
Et comme ta main tremble!

Antonia [le faisant asseoir devant le clavecin et se penchant sur son épaule]
Tiens ce doux chant d'amour
Que nous chantions ensemble

Hoffmann
Ce doux chant d'amour

Antonia
Que nous chantions ensemble!

Hoffmann
Ensemble!

Antonia [elle chante accompagnée par Hoffmann]
C'est une chanson d'amour qui s'envole triste ou folle
Qui s'envole triste ou folle tour à tour!
C'est une chanson d'amour qui s'envole triste ou folle
C'est une chanson d'amour,
C'est une chanson d'amour.
La rose nouvelle sourit au printemps,
Las! combien de temps vivra-t-elle?
Combien de temps vivra-t-elle? vivra-t-elle? Ah!
Hoffmann
C'est une chanson d'amour qui s'envole triste!
Antonia
triste ou folle
Qui s'envole triste ou folle tour à tour!

Antonia, Hoffmann
C'est une chanson d'amour qui s'envole triste ou folle,
C'est une chanson d'amour,
c'est une chanson d'amour.

Hoffmann
Un rayon de flamme pare ta beauté.
Verras-tu lété, fleur de l'âme?
Verras-tu lété, fleur de l'âme? fleur de l'âme?
Antonia
C'est une chanson d'amour qui s'envole
/ Triste ou folle,
| Qui s'envole Triste ou folle Tour à Tour!
| Hoffmann
| Triste ou folle,
\ C'est une chanson d'amour!

Antonia, Hoffmann
C'est une chanson d'amour
Qui s'envole Triste ou folle,
C'est une chanson d'amour,
C'est une chanson d'amour!

[Antonia porte la main à son coeur et semble prête à défaillir ]

Dialogue

Hoffmann
Qu'as tu donc?... tu souffres?

Antonia
Non! ce n'est rien! encore!

Hoffmann [écoutant]
Chut!

Antonia
On monte l'escalier!... C'est mon père!... viens!
[elle s'élance vers sa chambre et disparaît; Hoffmann se dispose à la suivre, puis il s'arrête]

Hoffmann
Comment savoir?...
[avisant la fenêtre]
Ah! là!
[il se cache dans l'enfoncement de la fenêtre. Crespel paraît]

Scène IX

CRESPEL, HOFFMANN, caché, puis FRANTZ

Crespel [regardant autour de lui]
Personne!... C'est étrange!... Il m'avait semblé entendre un bruit de voix et de clavecin, et j'ai cru un moment, Dieu me pardonne!... que ce maudit Hoffmann était ici!... J'ai toujours peur qu'il ne vienne à retrouver Antonia!

Hoffmann [à part]
Que dit-il?...

Crespel
Si encore il n'était pas musicien! S'il était seulement avocat ou médecin!... C'est cette damnée musique dont je ne veux plus entendre parler!

Hoffmann [à part]
Est-il fou?

Crespel
Allons! allons! il faudra me réfugier dans quelque coin si caché qu'il ne puisse jamais nous y découvrir.
[il s'assied près de la table; Frantz entre en scène]

Frantz
Monsieur!...
[Crespel, absorbé dans ses réflexions, ne répond pas]
Il est sourd!... Monsieur!

Crespel
Qu'y a-t-il?...

Frantz
C'est un homme tout noir qui demande à vous parler.

Crespel
Son nom?...

Frantz
Cela suffit, Monsieur.
[fausse sortie]

Crespel [le retenant et haussant la voix]
Son nom, te dis-je?...

Frantz
Ah! très bien!... Le docteur Miracle!...

Crespel
Le docteur Miracle!... Morbleu!... Es-tu de ses amis, coquin?

Frantz
Oui, Monsieur, médecin.

Crespel
Médecin?... Non... Ton docteur Miracle n'est qu'un assassin, un fossoyeur, un vieux croquemort! Il était venu chez ma femme le jour même qu'elle mourut, et il m'offrit en ricanant d'affreux flacons dont il remplit ses poches!... Je sentis sur mes mains le toucher glacial de ses mains osseuses qui craquaient comme celles d'un squellette, et une sueur froide m'envahit tout le corps, tandis qu'il ricanait toujours en jouant avec ses flacons comme avec des castagnettes!... A la porte! à la porte, le docteur Miracle!...

Frantz [ouvrant la porte du fond]
Entrez, Monsieur!...

Crespel [s'élançant sur Frantz]
Ah! coquin!...

Frantz
Holà!...
[il se sauve]

Scène X

CRESPEL, MIRACLE, HOFFMANN (caché)

Miracle [arpentant le théâtre]
Eh bien! Eh bien! où est-il, ce bon M. Crespel, que je l'embrasse? Et sa chère fille Antonia que j'aime de tout mon coeur?... Comment ne sont-ils pas encore dans mes bras? -- Ah! cette porte!
[il se dirige vers la chambre d'Antonia]

Crespel [l'arrêtant]
Eh! Monsieur!...

Miracle
Ah! ah! vous voilà donc, Monsieur Crespel?... Enchanté!... Eh! bien! notre Antonia?... La pauvre enfant est donc malade?

Crespel
Qui vous a dit cela?... Ce n'est pas vrai!

Miracle
Ta ta ta ta!... Ce n'est pas à moi qu'on en fait accroire! -- et votre fuite soudaine?... Et la rupture du mariage avec Hoffmann?... et ces taches roses de fàcheux augure qui montaient aux joues d'Antonia toutes les fois que le démon de la musique s'emparait d'elle?... ha! ha!

Hoffmann [à part]
Qu'entends-je?...

Crespel
Il voit tout!... Il voit tout!

Miracle
Chère belle!... Nous la guérirons. Menez-moi près d'elle, je vous prie.

Crespel
Pour l'assassiner?... Si tu fais un pas de plus, je te jette par la fenêtre!

Miracle
Eh! là! doucement! Je ne veux pas vous déplaire, et je traiterai votre fille à la distance.
[il avance deux fauteuils]

Crespel
Que veux-tu faire?

Nº 15. Trio

Miracle
Pour conjurer le danger,
Il faut le reconnaître.

Hoffmann [à part]
L'effroi me pénètre!

Crespel [à part]
L'effroi me pénètre!

Hoffmann
L'effroi me pénètre!

Crespel
L'effroi me pénètre!

Miracle [la main étendue vers la chambre d'Antonia dont la porte s'ouvre lentement]
Laissez-moi l'interroger!
À mon pouvoir vainqueur
Cède de bon grâce,
Cède de bon grâce!,
/ Viens!
| Près de moi sans terreur
| Viens ici prendre place!
| À mon pouvoir vainqueur
| Cède sans terreur!
| Hoffmann, Crespel
| D'épouvante et d'horreur
| Tout mon être se glace!
| Une étrange terreur
| m'enchaîne à cette place!
\ J'ai peur!
/ Hoffmann, Crespel
| D'épouvante et d'horreur
| Tout mon être se glace!
| Une étrange terreur
| m'enchaîne à cette place!
| Ah! j'ai peur! Ah! j'ai peur!
| Miracle
| Viens!
| Près de moi sans terreur
| Viens ici prendre place!
| À mon pouvoir vainqueur,
\ Viens près de moi et sans terreur! sans terreur!

Crespel [s'asseyant sur le tabouret du clavecin]
Allons, parle! et sois bref!

[Miracle continue des passes magnétiques, il indique par ses gestes qu'il prend la main d'Antonia, qu'il la mène près de l'un des fauteuils et la fait s'asseoir]

Miracle
Veuillez vous asseoir là!

Crespel
Je suis assis.

Miracle [sans répondre à Crespel]
Quel âge avez-vous, je vous prie?

Crespel
Qui? moi?

Miracle
Je parle à votre enfant...

Hoffmann [à part]
Antonia!

Miracle
Quel âge? répondez! Je le veux!
[il écoute]
Vingt ans!...
Le printemps de la vie!...
Voyons, voyons la main!
[Il fait le geste d'un homme qui tâte le pouls]

Crespel
La main?

Miracle [tirant sa montre]
Chut! laissez-moi compter.

Hoffmann [à part]
Dieu! suis-je le jouet d'un rêve?
Est-ce un fantôme?

Miracle
Le pouls est inégal et vif,
Mauvais symptôme!
Chantez!

Crespel [se levant]
Non, non, tais-toi!
ne la fais pas chanter!

Miracle
Chantez!

Antonia [dans la coulisse]
Ah!

Miracle [se levant, il semble suivre Antonia du geste; la porte de la chambre se referme brusquement]
Voyez, son front s'anime, et son regard flamboie,
Elle porte la main à son coeur agité!...

Crespel
Que dit-il?

Miracle [se levant et remettant l'un des fauteuils en place]
Il serait dommage en vérité
De laisser à la mort une si belle proie!

Crespel
Tais-toi! tais-toi!
[Crespel repousse violemment l'auter fauteuil]

Miracle
Si vous voulez accepter mon secours,
Si vous voulez sauver ses jours,
[il tire plusieurs flacons de sa poche et les fait sonner comme des castagnettes]
j'ai là certains flacons que je tiens en réserve...
Crespel
Tais-toi!
Miracle
dont il faudrait...
Crespel
Tais-toi! Dieu me préserve
D'écouter tes conseils, misérable assassin!
Miracle
...dont il faudrait chaque matin, chaque matin...
Tout à l'heure! un instant!
Eh! oui, je vous entends!
Tout à l'heure! un instant!
Des flacons! pauvre père!
Vous en serez, j'espè,
/ content! Ah! bien content! Ah!
| Crespel
| Va-t'en! va-t'en loins de moi, Satan!
| Va-t'en! va-t'en loins de moi, Satan!
| Hoffmann
\ Antonia! Antonia!

/ Crespel
| Redoute la colère
| et la douleur, la douleur d'un père!
| Va-t'en, va-t'en! Satan! Satan!
| va-t'en, va-t'en, va-t'en hors de chez moi, Satan!
| hors de chez moi,
| Redoute la colère, la colère,
| Et la douleur d'un père, oui, la douleur d'un père!
| Va-t'en! va-t'en! Ah! va-t'en!
| crains la douleur d'un père! va-t'en!
| Va-t'en!
| Hoffmann
| À la mort qui t'attend!
| Je saurai, pauvre enfant,
| T'arracher, je l'espère!
| Tu ris en vain d'un père, Satan! Satan!
| Tu ris en vain, tu ris en vain d'un père, Satan! Satan!
| Miracle
| Eh! oui! je vous entends!
| Tout à l'heure! un instant!
| Des flacons, pauvre père!
| Vous en serez content!
| Eh! oui,! je vous entends!... je vous entends!
| Oui, tout à l'heure! un instant!
| Vous en serez content!
| Des flacons, oui! Des flacons, pauvre père,
| Vous en serez, j'espè, content, oui, content!
\ Vous en serez, j'espè, content! Content!

Miracle [continuant toujours avec la même flegme]
Dont il faudrait...

Crespel
Va-t-en! va-t'en!

Miracle
Chaque matin...

Crespel
Va-t-en! va-t'en!
[il pousse Miracle dehors et referme la port sur lui]
Ah! le voilà dehors! et ma porte est fermée!...
Nous sommes seuls enfin,
ma fille bien-aimée!

Miracle [rentrant par la muraille]
Dont il faudrait, chaque matin...

Crespel
Ah! misérable!

Miracle
chaque matin...

Crespel
Ah! les flots! ah! les flots puissent-ils t'engloutir!

/ Miracle
| Eh! oui, je vous entends!
| Tout à l'heure, un instant
| Des flacons! pauvre père!
| Vous en serez, j'espè, content!
| Ah! bien content! Ah!
| Crespel
| Nous verrons si le diable t'en fera sortir!
| Va-t'en, va-t'en, loin de moi, Satan!
| Va-t'en, va-t'en, loin de moi, Satan!
| Hoffmann
\ Antonia! Antonia!

/ Crespel
| Redoute la colère
| et la douleur, la douleur d'un père!
| Va-t'en, va-t'en! Satan! Satan!
| va-t'en, va-t'en, va-t'en hors de chez moi, Satan!
| hors de chez moi,
| Redoute la colère, la colère,
| Et la douleur d'un père, oui, la douleur d'un père!
| Va-t'en! va-t'en! Ah! va-t'en!
| crains la douleur d'un père, va-t'en, va-t'en!
| Va-t'en! va-t'en! va-t'en! va-t'en!
| Hoffmann
| À la mort qui t'attend!
| Je saurai, pauvre enfant,
| T'arracher, je l'espère!
| Tu ris en vain d'un père, Satan! Satan!
| Tu ris en vain, tu ris en vain d'un père, Satan! Satan!
| Antonia!
| Miracle
| Eh! oui! je vous entends!
| Tout à l'heure! un instant!
| Des flacons, pauvre père!
| Vous en serez content!
| Eh! oui, je vous entends!... je vous entends!
| Oui, tout à l'heure! un instant!
| Vous en serez content!
| Des flacons, oui! Des flacons, pauvre père,
| Vous en serez, j'espè, content, oui, content!
| Vous en serez, j'espè!
| La mort attend!
| Dont il faudrait... chaque matin...
\ Dont il faudrait... chaque matin!

[Miracle, suivi de Crespel, sort à reculons agitant ses flacons.]
[Hoffmann redescend en scène]

Dialogue

Scène XI

HOFFMANN, seul, puis ANTONIA

Hoffmann [redescend en scène]
Ne plus chanter!... voilà son arrêt!.. Que lui dire? que faire?... -- Je ne veux pas l'épouvanter!... L'amour seul peut obtenir d'elle un pareil sacrifice.

Antonia [paraissant à la porte de sa chambre]
Eh bien?... Tu as vu mon père?... Que t'a-t-il dit?...

Hoffmann [lui prenant les mains]
Ne me demande rien!... Plus tard tu sauras tout!... Ce que je peux te dire, Antonia, c'est que, pour m'appartenir, il faut que tu renonces à tes rêves d'artiste... Plus de théâtre! plus de chant! plus de gloire!... Auras-tu ce courage?...

Antonia
Mon Dieu!

Hoffmann
Tu hésites?...

Antonia
Mais... toi-même?...

Hoffmann
C'est Antonia que j'aime, et non sa voix!

Antonia
C'est bien! dispose de moi!

Hoffmann
Tu me jures?...

Antonia
Oui!

Hoffmann
Chère Antonia!... Ce sera trop peu de toute ma vie pour m'acquitter envers toi!... -- Ton père peut revenir d'un moment à l'autre; je ne veux pas qu'il me retrouve ici. -- A demain!

Antonia
A demain!...
[Hoffmann sort]

Scène XII

ANTONIA, puis MIRACLE

Antonia [allant ouvrir une des portes latérales]
Voilà donc où devaient aboutir mes espérances!... Quel est ce secret qu'on ne veut pas me dire?... Est-ce qu'on défend aux oiseaux de chanter?... De mon père aisément il s'est fait le complice!... Allons! Les pleurs sont superflus! Je l'ai promis; je ne chanterai plus!
[elle le laisse tomber sur le fauteuil]

Nº 16. Trio - Final

Miracle [apparaissant subitement derrière Antonia et se penchant à son oreille]
Tu ne chanteras plus? sais-tu quel sacrifice
S'impose ta jeunesse,
Et l'as-tu mesuré?
La grâce, la beauté, le talent, don sacré,
Tous ces biens que le ciel t'a livrés en partage,
Faut-il les enfouir
Dans l'ombre d'un ménage.
Sais-tu quel doux plaisir te gardait le destin,
Quelle moisson de fleurs viendrait chaque matin
Quand ta paupière encore est à demi-fermée
Réjouir et parer ton alcôve embaumée?
N'as-tu pas entendu dans un rêve orgueilleux,
Ainsi qu'une forêt par le vent balancée,
Ce doux frémissement de la foule pressée
Qui murmure ton nom et qui te suit des yeux!
Et le soir, aux clarté confuses de la scène,
Quand ta voix dans les coeurs émeut les passions,
De ce peouple amoureux qui te salue en reine,
N'entends-tu pas déjà les acclamations?
Voilà l'ardente joie et la fête éternelle
Que tes vingt ans en fleur sont près d'abandonner!
Pour les plaisirs bourgeois où l'on veut t'enchaîner
Et des marmots d'enfants qui te rendront moins belle!

Antonia [sans se retourner]
Ah! quelle est cette voix qui me trouble l'esprit?
Est-ce l'enfer qui parle ou Dieu qui m'avertit?
Non! non! ce n'est pas là le bonheur, voix maudite!
Et contre mon orgueil mon amour s'est armé!
La gloire ne vaut pas l'ombre heureuse où m'invite
La maison de mon bien-aimé!

Miracle
Quelles amours sont donc les vôtres?
Hoffmann te sacrifie à sa brutalité!
Il n'aime en toi que ta beauté
Et pour lui comme pour les autres
Viendra bientôt le temps de la satiété.
[Il disparaît]

Antonia [se levant]
Non! ne me tente plus! va-t-en! démon!
Je ne veux plus t'entendre!
J'ai juré d'être à lui!
Mon bien-aimé m'attend.
Je ne m'appartiens plus et ne puis me reprendre!
Et tout à l'heure encor, sur son coeur adoré,
Quel éternel amour ne m'a-t-il pas juré!
Ah! qui me sauvera du démon, de moi-même?
[regardant le portrait de sa mère]
Ma mère! O ma mère!
Je l'aime! je l'aime!

Miracle [reparaissant]
Ta mè
Oses-tu l'invoquer? ta mè!
Mais n'est-ce pas elle qui parle et par ma voix,
Ingrate, te rappelle la splendeur de son nom
que tu veux abdiquer.
Écoute!

[Le portrait s'éclaire et semble s'animer. C'est le fantôme de la mère qui apparaît à la place de la peinture]

La Voix
Antonia!

Antonia
Ciel!

Miracle
Écoute!

La Voix
Antonia!

Miracle
Écoute!

Antonia
Dieu, ma mère, ma mère!

La Voix
Chère enfant que j'appelle
Comme autrefois,
C'est ta mère, c'est elle;
entends sa voix!
Chère enfant que j'appelle
Comme autrefois,
C'est ta mère, c'est elle;
Entends sa voix!

Antonia
Ah! c'est ma mère, c'est elle!
Son âme m'appelle!

Miracle
C'est sa voix, l'entends-tu
Sa voix, meilleure conseillère
Qui te lègue un talent que le monde a perdu.

La Voix
Antonia!
Miracle
Écoute! écoute!
La Voix
Antonia!
Miracle
Elle semble revivre,
Et le public lointains de ses brovos l'enivre!

/ La Voix
| Antonia! Antonia! Antonia!
| Ah! Chère enfant que j'appelle
| Comme autrefois, c'est ta mère, c'est elle!
| entends sa voix! | Chère enfant que j'appelle
| Comme autrefois!
| Entends sa voix!
| Antonia
| Ma mère! ma mère!
| Son âme, son âme m'appelle!
| Ma mère! ma mère! ma mère! Ah!
| Oui, son âme m'appelle
| Comme autrefois.
| C'est elle! elle!
| J'entends sa voix!
| Oui, j'entends sa voix!
| Ah! ma mère! Ah! ma mère! Ah!
| Miracle
| Mais reprends donc avec elle!
| mais reprends donc, reprends!
| reprends donc avec elle!
| Mais reprends donc avec elle!
| Oui, son âme t'appelle
| Comme autrefois,
| C'est ta mère, c'est elle!
| entends sa voix, entends sa voix! | Oui, son âme t'appelle
| Comme autrefois!
\ Entends sa voix! Entends sa voix! Entends sa voix!

Antonia [à elle-même]
Non! assez!
/ Je succombe et ne veux plus chanter!
| Quelle ardeur, quelle ardeur m'embrase et me dévore?
| Miracle
\ Encore! encore! encore! pourquoi t'arrêter?
C'est ta mère, c'est elle!
Son âme t'appelle comme autrefois!
Entends sa voix!

/ Antonia
| Ma mère! j'entends sa voix!
| La Voix
| Chère enfant que j'appelle!
| Miracle
\ Oui, ta mè t'appelle!
Oui, c'est son âme qui t'appelle!

/ Antonia
| Ah!
| La Voix
\ Je t'appelle comme autrefois!

/ Antonia
| Oui, son âme m'appelle! Ah!
| Oui, son âme m'appelle comme autrefois!
| C'est ma mère, c'est elle!
| J'entends sa voix!
| Oui, son âme m'appelle comme autrefois!
| Ah! c'est ma mère! j'entends sa voix!
| La Voix
| ma voix t'appelle!
| Chère enfant que j'appelle comme autrefois!
| C'est ta mère, c'est elle!
| Entends ma voix!
| Chère enfant que j'appelle comme autrefois!
| Chère enfant!
| Oui, entends ma voix! ma voix!
| Miracle
| ma voix t'appelle!
| Oui, son âme t'appelle,
| C'est ta mère, c'est elle comme autrefois,
| Entends sa voix! Entends sa voix!
| Oui, son âme t'appelle!,
| C'est ta mère, c'est elle,
| C'est ta mère, c'est ta mère,
\ Oui, entends sa voix! sa voix!
[il prend un violon qui est au mur et en joue avec furie]

Antonia [haletante]
Je cède au transport qui m'enivre!
Quelle flamme éblouit mes yeux?
Quelle... flamme... quelle... flamme...
éblouit, éblouit mes yeux?
éblouit mes yeux? éblouit mes yeux?
éblouit mes yeux? Ah!
[elle chante]
``Un seul moment encore à vivre!
/ Un seul moment encore à vivre
| Et que mon âme vole aux cieux!
| Et que mon âme vole aux cieux!
| mon âme vole aux cieux!
| Un seul moment encore à vivre!
| Et que mon âme vole aux cieux!
| Et que mon âme vole aux cieux!''
| La Voix
| Ma voix t'appelle! ma voix t'appelle!
| Ma voix t'appelle comme autrefois!...
| Chante toujours, ma fille! Chante!
| Ma voix t'appelle!
| Chante! chante!
| Ma voix t'appelle comme autrefois!
| Chante toujours, toujours!
| Miracle
| Chante! chante! chante encore!
[faisant semblant de jouer de du violon]
| Sa voix t'appelle!
| Chante toujours, sa voix t'appelle, Antonia!
[jouant]
| Son âme t'appelle comme autrefois!
| Chante toujours! chante! chante!
[jouant]
| Sa voix t'appelle!
\ Chante, chante toujours!

/ Antonia [haletante]
| Je cède au transport qui m'enivre!
| Quelle flamme éblouit mes yeux?
| Un seul moment encore à vivre! Ah!
| Un seul moment encore à vivre!
| Et que mon âme vole aux cieux!
| La Voix
| Chère enfant que j'appelle!
| Chère enfant que j'appelle comme autrefois! ah!
| Mon âme t'appelle, t'appelle!
| Entends ma voix! Entends ma voix!
| Miracle
| C'est ta mère, c'est elle,
| son âme t'appelle comme autrefois!
| Son âme t'appelle, t'appelle!
\ Entends sa voix! Entends sa voix!

[Le portrait reprend son premier aspect]
[Miracle s'engloutit dans la terre en poussant un éclat de rire.]
[Antonia tombe sur le canapé, mourante]

Crespel [accourant]
Mon enfant! ma fille! Antonia!

Antonia [expirante]
Mon père! Écoutez!
C'est ma mère... ma mère qui m'appelle!
Et lui de retour!
[elle chante]
C'est une chanson d'amour,
Une chanson d'amour...
Qui s'envole,
Triste ou folle...
Ah! C'est une chanson d'amour!
[elle meurt]

Crespel
Non! un seul mot, un seul! ma fille! parle-moi! ma fille!
Parle donc! mort exécrable!
Non! pitié! pitié! grâce!
Eloigne-toi! ma fille!
[Hoffmann et Nicklausse entrent rapidement]

Hoffmann
Pourquoi ces cris?

Crespel
Hoffmann! ah! misérable!
C'est toi qui l'as tuée!
Du sang pour colorer sa joue!
[saisissant un couteau pour frapper Hoffmann]
une arme! un couteau! un couteau!

Nicklausse [l'arrêtant]
Malheureux!

Hoffmann [près d'Antonia, à Nicklausse]
Vite! donne l'alarme!
Un médecin! un médecin!

Miracle [paraissant]
Présent!
[Il se penche vers Antonia et lui prend la main, qui retombe inerte]
Morte!

Crespel [éperdu]
Ah! Dieu! mon enfant! ma fille!
Hoffmann
Antonia!

[Frantz est entré le dernier et s'est agenouillé près d'Antonia]

[RIDEAU]



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Monday, 08-Dec-2003 21:49:07 PST