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Orphée et Eurydice
Tragédie-opéra en trois actes de Christoph Willibald
Gluck
Livret français de Pierre-Louis Moline d'après le
livret italien de Ranieri de' Calzabigi
Première Représentation: le 2 août 1774
Personnages
Orphée (ténor)
Eurydice (soprano)
L'Amour (soprano)
Acte I
Acte II
Acte III
ACTE I
La scène représente un bois de lauriers et
de cyprès, un séjour agréable mais solitaire
qui est entrecoupé pour former une petite plaine contenant
le tombeau d'Eurydice. Au lever du rideau et pendant la ritournelle
du chur d'entrée, on voit une troupe de bergers et
de nymphes dans la suite d'Orphée et tous portent des couronnes
de fleurs et de myrtes; quelques-uns versent de l'encens dans
le feu sacré, enguirlandent le marbre et couvrent son tombeau
de fleurs, pendant que les autres chantent le chur suivant
qui est interrompu par les plaintes d'Orphée adossé
sur le devant contre une pierre et répétant le nom
d'Eurydice d'une voix gémissante.
CHUR
Ah! dans ce bois tranquille et sombre,
Eurydice, si ton ombre
Nous entend, . . .
ORPHÉE
Eurydice!
CHUR
. . . Sois sensible à nos alarmes,
Vois nos peines, vois nos larmes
Que pour toi l'on répand.
ORPHÉE
Eurydice!
CHUR
Ah! prends pitié du malheureux Orphée,
Il soupire, il gémit,
Il plaint sa destinée.
ORPHÉE
Eurydice!
CHUR
L'amoureuse tourterelle,
Toujours tendre, toujours fidèle,
Ainsi soupire et meurt
De douleur.
ORPHÉE
Vos plaintes, vos regrets augmentent mon supplice!
Aux mânes sacrés d'Eurydice
Rendez les suprêmes honneurs,
Et couvrez son tombeau de fleurs.
CHUR
Ah! dans ce bois lugubre et sombre,
Eurydice, si ton ombre
Nous entend,
Sois sensible à nos alarmes,
Vois nos peines, vois les larmes
Que pour toi l'on répand.
ORPHÉE
Éloignez-vous; ce lieu convient à ma douleur,
Et je veux sans témoins y répandre des pleurs.
(Les bergers et les nymphes se dispersent dans le bois.)
ORPHÉE
Objet de mon amour,
Je te demande au jour
Avant l'aurore;
Et quand le jour s'en fuit,
Ma voix pendant la nuit
T'appelle encore.
Eurydice, Eurydice, ombre chère, ah! dans quels lieux es-tu?
Ton époux gémissant, interdit, éperdu,
Te demande sans cesse, à la nature entière
Les vents, hélas! emportent sa prière.
Accablé de regrets,
Je parcours des forêts
La vaste enceinte.
Touché de mon destin,
Écho répète en vain
Ma triste plainte.
Eurydice, Eurydice! De ce doux nom
Tout retentit, ces bois, ces rochers, ce vallon.
Sur les troncs dépouillés, sur l'écorce naissante,
On lit ce mot gravé par une main tremblante.
Eurydice n'est plus, et je respire encore!
Dieux, rendez-lui la vie, ou donnez-moi la mort!
Plein de trouble et d'effroi,
Que de maux loin de toi,
Mon cur endure;
Témoin de mes malheurs,
Sensible à mes douleurs,
L'onde murmure.
Divinités de l'Achéron,
Ministres redoutés de l'empire des ombres,
Vous qui dans les demeures sombres
Faites exécuter les arrêts de Pluton,
Vous que n'attendrit point la beauté, la jeunesse,
Vous m'avez enlevé l'objet de ma tendresse,
Oh, cruel souvenir!
Eh quoi! les grâces de son âge
Du sort le plus affreux n'ont pu la garantir?
Implacables tyrans, je veux vous la ravir!
Je saurai pénétrer jusqu'au sombre rivage,
Mes accents douloureux fléchiront vos rigueurs;
Je me sens assez de courage
Pour braver toutes vos fureurs!
L'AMOUR
L'amour vient au secours de l'amant le plus tendre.
Rassure-toi, les dieux sont touchés de ton sort.
Dans les enfers tu peux te rendre;
Va trouver Eurydice au séjour de la mort.
Si les doux accents de ta lyre,
Si tes accents mélodieux
Apaisent la fureur des tyrans de ces lieux,
Tu la ramèneras du ténébreux empire.
ORPHÉE
Dieux! je la reverrais!
L'AMOUR
Si les doux accents de ta lyre, etc
ORPHÉE
Dieux! je la reverrais!
L'AMOUR
Oui; mais pour l'obtenir
Il faut te résoudre à remplir
L'ordre que je vais te prescrire.
ORPHÉE
Ah! qui pourrait me retenir?
À tout mon âme est préparée.
L'AMOUR
Apprends la volonté des dieux:
Sur cette amante adorée
Garde-toi de porter un regard curieux,
Ou de toi pour jamais tu la vois séparée.
Tels sont de Jupiter les suprêmes décrets.
Rends-toi digne de ses bienfaits!
Soumis au silence,
Contrains ton désir,
Fais-toi violence,
Bientôt à ce prix tes tourments vont finir.
Tu sais qu'un amant
Discret et fidèle,
Muet et tremblant
Auprès de sa belle,
En est plus touchant.
Soumis au silence, etc
(L'Amour s'éloigne.)
ORPHÉE
Qu'entends-je? qu'a-t-il dit?
Eurydice vivra! mon Eurydice!
Un dieu clément, un dieu propice
Me la rendra!
Mais quoi! je ne pourrai,
Revanant à la vie,
La presser sur mon sein?
O mon amie, quelle faveur,
Et quel ordre inhumain!
Je prévois ses soupçons,
Je prévois ma terreur,
Et la seule pensée
D'une épreuve insensée
D'effroi glace mon cur.
Oui, je le pourrai!
Je le veux, je le jure!
Amour, amour, j'espère en toi
Dans les maux que j'endure.
Douter de ton bienfait
Serait te faire injure.
C'en est fait, dieux puissants,
J'accepte votre loi.
Amour, viens rendre à mon âme
Ta plus ardente flamme;
Pour celle qui m'enflamme,
Je vais braver le trépas.
L'enfer en vain nous sépare,
Les monstres du tartare
Ne m'épouvantent pas.
Je sens croître ma flamme,
Je vais braver le trépas.
L'amour vient rendre à mon âme
Sa plus ardente flamme;
L'amour accroît ma flamme;
Je vais braver le trépas.
L'enfer en vain nous sépare, etc
ACTE II
PREMIER TABLEAU
Une contée épouvantable, hérisée
de rochers, au delà du Styx; au loin s'élève
une fumée épaisse, sombre, les flammes y jaillissent
de temps en temps. Les spectres et les esprits commencent une
danse qu'Orphée inerrompt par l'harmonie de sa lyre; à
la vue d'Orphée toute la troupe entonne le premier chur
qui suit.
CHUR
Quel est l'adacieux
Qui dans ces sombres lieux
Ose porter ses pas,
Et devant le trépas
Ne frémit pas?
(Les esprits dansent autour d'Orphée pour l'effrayer.)
Quel est l'adacieux, etc
Que la peur la terreur
S'emparent de son cur
À l'affreux hurelement
Du Cerbère écumant
Et rugissant!
ORPHÉE
Laissez-vous toucher par mes pleurs,
Spectres, . . .
CHUR
Non!
ORPHÉE
. . . larves, . . .
CHUR
Non!
ORPHÉE
. . . ombres terribles!
CHUR
Non!
ORPHÉE
Soyez, soyez sensibles
À l'excès de mes malheurs!
CHUR
Non! Non! Non!
ORPHÉE
Laissez-vous toucher par mes pleurs, etc
(Le chur apaisé répond à Orphée
avec un peu plus de pitié dans l'expression.)
CHUR
Qui t'amène en ces lieux,
Mortel présomptueux?
C'est le séjour affreux
Des remords dévorants
Et des gémissements
Et des tourments.
ORPHÉE
Ah! la flamme qui me dévore,
Est cent fois plus cruelle encore;
L'enfer n'a point de tourments
Pareils à ceux que je ressens.
CHUR (encore plus apaisé)
Par quels puissants accords,
Dans le séjour des morts,
Malgré nos vains efforts
Il calme la fureur de nos transports?
ORPHÉE
La tendresse
Qui me presse,
Calmera votre fureur,
Oui, mes larmes,
Mes alarmes
Fléchiront votre rigueur.
CHUR (encore plus doux)
Quels chants doux et touchants
Quels accords ravissants!
De si tendres accents
Ont su nous désarmer
Et nous charmer.
Qu'il descende aux enfers!
Les chemins sont ouverts.
Tout cède à la douceur
De son art enchanteur,
Il est vainqueur.
DANSE DES FURIES
(Après le commencement de cette danse, Orphée
entre dans les enfers; vers la fin de la danse les spectres et
les esprits disparaissent peu à peu.)
DEUXIÈME TABLEAU
Une contrée enchanteresse des champs Elysées
pleine de superbe buissons, de fleurs, de ruisseaux, etc.
EURYDICE
Cet asile
Aimable et tranquille
Par le bonheur est habité,
C'est le riant séjour de la felicité.
Nul objet ici n'enflamme
L'âme,
Une douce ivresse
Laisse
Un calme heureux dans tous les sens;
Et la sombre tristesse
Cesse
Dans ces lieux innocents.
EURYDICE ET CHUR
Cet asile aimable et tranquille, etc
(Pendant le postlude du chur disparaissent Eurydice et les
esprits bienheureux. Orphée est perdu dans l'admiration.)
ORPHÉE
Quel nouveau ciel pare ces lieux!
Un jour plus doux s'offre à mes yeux.
Quels sons harmonieux!
J'entends retentir ce bocage
Du ramage
Des oiseaux,
Du murmure des ruisseaux
Et des soupirs de zéphire.
On goûte en ce séjour un eternel repos.
Mais le calme qu'on y respire
Ne saurait adoucir mes maux.
O toi, doux objet de ma flamme,
Toi seule y peux calmer le trouble de mon âme!
Tes accents
Tendres et touchants,
Tes regards séduisants,
Ton doux sourire
Sont les seuls biens que je désire.
(Attirés par le chant d'Orphée, les esprits bienheureux
se sont rapprochés. Orphée regarde autour de lui,
le chur s'en approche.)
CHUR
Viens dans ce séjour paisible,
Époux tendre, amant sensible,
Viens bannir tes justes regrets.
Eurydice va paraître,
Eurydice va renaître
Avec de nouveaux attraits.
ORPHÉE
O vous, ombres que j'implore,
Hâtez-vous de la rendre à mes embrassements.
Ah! si vous ressentiez le feu qui me dévore,
Si vous étiez aussi de fidèles amants,
J'aurais déjà revu la beauté que j'adore!
Hâtez-vous de me rendre heureux!
CHUR
Le destin répond à tes vux.
(Eurydice est introduite par une partie du chur.)
Près du tendre object qu'on aime
On jouit du bien suprême,
Goûtez le sort plus doux.
Va renaître pour Orphée,
On retrouve l'Elysée
Auprès d'un si tendre époux.
(Eurydice est ramenée à Orphée par le
chur; sans la regarder, il saisit sa main et l'emmène.
Le rideau se baisse lentement.)
ACTE III
PREMIER TABLEAU
Une caverne sombre avec un labyrinthe plein de couloirs
obscurs et entournée de rochers mousseaux, tombants.
(Orphée mène encore Eurydice par la main sans le
regarder.)
ORPHÉE
Viens, viens, Eurydice, suis-moi,
Unique et doux objet de l'amour plus tendre.
EURYDICE
C'est toi? je te vois?
Ciel! devais-je m'attendre?
ORPHÉE
Oui, tu vois ton époux. J'ai voulu vivre encor,
Et je viens t'arracher au séjour de la mort!
Touché de mon ardeur fidèle,
Jupiter au jour te rappelle.
EURYDICE
Quoi! je vis, et pour toi?
Ah, grands dieux, quel bonheur!
ORPHÉE
Eurydice, suis-moi,
Profitons sans retard de la faveur céleste;
Sortons, fuyons ce lieu funeste.
Non, tu n'es plus une ombre,
Et le dieu des amours
Va nous réunir pour toujours.
EURYDICE
Qu'entends-je? ah! se peut-il?
Heureuse destinée!
Eh quoi, nous pourrons resserrer
Les nds d'amour et d'hyménée?
ORPHÉE
Oui, suis mes pas sans différer.
EURYDICE
Mais, par ta main ma main n'est plus pressée!
Quoi! tu fuis ces regards que tu chérissais tant!
Ton cur pour Eurydice est-il indifférent?
La fraîcheur de mes traits serait-elle effacée?
ORPHÉE (à part)
Oh dieux! quelle contrainte!
(haut)
Eurydice, suis-moi,
Fuyons de ces lieux, le temps presse;
Je voudrais t'exprimer l'excès de ma tendresse;
(à part)
Mais je ne puis, oh! trop funeste loi!
EURYDICE
Un seul de tes regards . . .
ORPHÉE
Tu me glaces d'effroi!
EURYDICE
Ah! barbare!
Sont-ce là les douceurs que ton cur me prépare?
Est-ce donc là le prix de mon amour?
Oh fortune jalouse!
Orphée, hélas! se refuse en ce jour
Aux transports innocents de sa fidèle épouse.
ORPHÉE (sent qu'elle est près de lui, il saisait
sa main voulant l'emmener)
Par tes soupçons, cesse de m'outrager.
EURYDICE (indignée retire sa main)
Tu me rends à la vie, et c'est pour m'affliger!
Dieux, reprenez un bienfait que j'abhore!
Ah! cruel époux, laisse-moi!
ORPHÉE
Viens! Suis un époux qui t'adore.
EURYDICE
Non, ingrat, je préfère encore
La mort qui m'éloigne de toi.
ORPHÉE
Vois ma peine!
EURYDICE
Laisse Eurydice!
ORPHÉE
Ah! cruelle! Quelle injusice!
Ah viens! je t'implore, suis mes pas!
EURYDICE
Parle, réponds, je t'en supplie!
ORPHÉE
Dût-il m'en coûter la vie,
Non, je ne parlerai pas.
ENSEMBLE
Dieux, soyez-moi favourables!
Voyez mes pleurs,
Dieux secourables!
Quels tourments insupportables!
Quelles rigueurs
Mêlez-vous à vos faveurs!
(Chacun d'eux se dirige vers un autre côté de
la scène où ils restent adossés à
un arbre ou à un rocher.)
EURYDICE
Mais d'où vient qu'il persiste à garder le silence?
Quels secrets veut-il me cacher?
Au séjour du repos devait-il m'arracher
Pour m'accabler de son indifférence?
Oh destin rigoureux!
Ma force m'abandonne,
Le voile de la mort retombe sur mes yeux!
Je frémis, je languis,
Je frissonne, je tremble, je pâlis,
Mon cur palpite,
Un trouble secret m'agite,
Tous mes sens sont saisis d'horreur
Et je succombe à ma douleur.
Fortune ennemie,
Quelle barbarie!
Ne me rends-tu la vie
Que pour les tourments?
Je goûtais les charmes
D'un repos sans alarmes,
ORPHÉE
Ses injustes soupçons
Redoublent mes tourments!
Que dire? que faire?
Elle me désespère,
EURYDICE
Le trouble, les larmes
Remplissent aujourd'hui
Mes malheureux moments.
ORPHÉE
Ne pourrai-je calmer
Le trouble de mes sens?
Que mon sort est à plaindre!
Je ne puis me contraindre!
EURYDICE
Je frissonne, je tremble.
Fortune ennemie, etc
ORPHÉE (à part)
Quelle épreuve cruelle!
EURYDICE
Tu m'abandonnes, cher Orphée!
En ce moment ton épouse désolée
Implore en vain tes secours;
O dieux! à vous seuls j'ai recours.
Dois-je finir mes jours
Sans un regard de ce que j'aime?
ORPHÉE (à part)
Je sens mon courage exprir,
Et ma raison se perd
Dans mon amour extrême;
J'oublie et la défense, Eurydice et moi même.
(Il fait un mouvement pour se retourner et tout à fait
se retient.)
Ciel!
EURYDICE
Cher époux, je puis à peine respirer.
(Elle tombe sur un rocher.)
ORPHÉE (fort)
Rassure-toi, je vais tout dire . . .
Apprends . . .
(à part)
Que fais-je! . . . Justes dieux,
Quand finirez-vous mon martyre?
EURYDICE
Reçois donc mes derniers adieux,
Et souviens-toi d'Eurydice . . .
ORPHÉE (à part)
Où suis-je? Je ne puis résister à ses
pleurs.
(fort)
Non, le ciel ne veut pas un plus grand sacrifice.
(Il se retourne avec impétousité et regarde Eurydice.)
Oh ma chère Eurydice . . .
EURYDICE
(Fait un effort de se lever, et meurt.)
Orphée! o ciel! je meurs . . .
ORPHÉE
Malheureux, qu'ai-je fait?
Et dans quel précipice
M'a plongé mon funeste amour?
Chère épouse! Eurydice!
Eurydice! Chère épouse!
Elle ne m'entend plus, je la perds à jamais!
C'est moi qui lui ravis le jour!
Loi fatale!
Cruel remords!
Ma peine est sans égale.
Dans ce moment funeste
Le désespoir, la mort
Est tout ce qui me reste.
J'ai perdu mon Eurydice,
Rien n'égale mon malheur;
Sort cruel! quelle rigueur!
Rien n'égale mon malheur!
Je succombe à ma douleur!
Eurydice, Eurydice,
Réponds, quel supplice!
Réponds-moi!
C'est ton époux fidèle;
Entends ma voix qui t'appelle.
J'ai perdu mon Eurydice, etc
Eurydice, Eurydice!
Mortel silence! Vaine espérance!
Quelle souffrance!
Quel tourment déchire mon cur!
J'ai perdu mon Eurydice, etc
Ah! puisse ma douleur finir avec ma vie!
Je ne survivrai pas à ce dernier revers.
Je touche encor aux portes des enfers,
J'aurai bientôt rejoint mon épouse chérie.
Oui, je te suis, tendre objet de ma foi,
Je te suis, attends-moi!
Tu ne me seras plus ravie,
Et la mort pour jamais va m'unir avec toi.
(Lorsqu'il est sur le point de se tuer, l'Amour apparaît.)
L'AMOUR (lui arrache le poignard)
Arrête, Orphée!
ORPHÉE
O ciel! Qui pourrait en ce jour
Retenir le transport de mon âme égarée?
L'AMOUR
Calme ta fureur insensée;
Arrête, et reconnais l'Amour
Qui veille sur ta destinée.
ORPHÉE
Qu'exigez-vous de moi?
L'AMOUR
Tu viens de me prouver ta constance et ta foi;
Je vais faire cesser ton martyre.
(Il touche Eurydice et la ranime.)
Eurydice! respire!
Du plus fidèle époux viens couronner les feux.
ORPHÉE
Mon Eurydice!
EURYDICE
Orphée!
ORPHÉE
Ah! justes dieux!
Quelle est notre reconnaissance!
L'AMOUR
Ne doutez plus de ma puissance!
Je viens vous retirer de cet affreux séjour,
Jouissez désormais des plaisirs de l'amour!
EURYDICE
Tendre amour, que tes chaînes
Ont de charmes pour nos curs!
ORPHÉE
Tendre amour, à tes peines
Que tu mêles de douceurs!
L'AMOUR
Je dédommage tous les curs
Par un instant de mes faveurs.
EURYDICE
Tendre amour, que tes chaînes, etc
ORPHÉE
Tendre amour, à tes peines, etc
L'AMOUR
Que l'ardeur qui vous enflamme,
Toujours règne dans votre âme,
Ne craignez plus mes rigueurs;
Je dédommage tous les curs!
ORPHÉE ET EURYDICE
Quels transports et quel délire,
O tendre amour, ta faveur nous inspire,
Célébrons pour jamais.
Célébrons tes bienfaits.
L'AMOUR
Célébrez pour jamais mes bienfaits.
DEUXIÈME TABLEAU
Un magnifique temple consacré à l'amour -
L'Amour, Orphée et Eurydice. Devant eux marche une nombreuse
troupe de bergers et de bergères fêtant le retour
d'Eurydice par leur chant et leurs joyeuses danses.
ORPHÉE
L'amour triomphe
Et tout ce qui respire
Sert l'empire de la beauté;
Sa chaîne agréable
Est préférable à la liberté.
CHUR
L'amour triomphe, etc
L'AMOUR
Dans les peines, dans les alarmes
Je fais souvent languir les curs;
Mais dans un instant mes charmes
Font pour jamais oublier mes riguers.
CHUR
L'amour triomphe, etc
EURYDICE
Si la cruelle jalousie
A troublé mes tendres désirs,
Les douceurs dont elle est suivie,
Sont des chaînes de plaisirs.
CHUR
L'amour triomphe, etc
FIN DE L'OPÉRA
Input by Stefan Pilczek
e-mail: stefan.pilczek@fc.bilston.ac.uk